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Les études à l’étranger sous la menace des coupes budgétaires

jeudi, 9 septembre, 2010 - 16:48

L’Union européenne veut accroître les cursus étudiants hors de leur pays d’origine. Mais à l’heure de la rigueur budgétaire, les pays d’accueil commencent à s’interroger : est-ce une priorité de financer la formation de jeunes Européens qui n’ont pas vocation à rester chez eux une fois leur diplôme obtenu ?

L’Europe a-t-elle les moyens de ses ambitions ? Alors que les gouvernements ont décidé il y a deux ans de tout mettre en œuvre pour faire en sorte que 20 % de leurs étudiants fassent, au cours de leurs études, un séjour dans une université étrangère, la rigueur budgétaire qui sévit sur le continent pourrait compromettre la réalisation de cet objectif. La mobilité a en effet un coût, et pas seulement pour les étudiants. Les universités commencent elles aussi à s’inquiéter des financements à débloquer pour pouvoir faire face à un accroissement des échanges, surtout quand ils ne sont pas équilibrés…

L’Autriche veut plus de moyens

Karlheinz Töchterle, le recteur de l’université d’Innsbruck, en Autriche, vient ainsi de mettre les pieds dans le plat, dans une interview publiée dans l’hebdomadaire allemandDie Zeit. 18 000 étudiants allemands étudient en effet chez leur voisin alpin. Et pas seulement pour des périodes de quelques mois, une majorité d’entre eux y effectuant la totalité de leurs cursus. « Pour faire face à l’afflux des étudiants étrangers, nous devons accroître nos capacités. Et nous pourrions le faire que si nous avions plus de moyens », a-t-il expliqué. Obtenir des subsides supplémentaires en cette période de vaches maigres étant quasiment impossible, le responsable esquisse deux solutions : soit son université instaure des quotas, comme c’est déjà le cas en médecine, soit les Etats « exportant » leurs étudiants participent au financement des études de leurs jeunes citoyens. « Chère Allemagne, tu nous envoies tes étudiants mais, s’il te plaît, donne nous aussi l’argent nécessaire pour que nous puissions bien nous occuper d’eux », a-t-il lancé…

Des millions d’économies pour la Suède

La réponse – indirecte – ne s’est pas fait attendre. Dans les colonnes du même magazine, quelques jours plus tard, un article était consacré aux étudiants suédois, montrant du doigt la politique conduite par Stockholm qui encouragerait ses étudiants à passer les frontières pour mieux maîtriser son budget accordé à ses universités. Les candidats souhaitant se rendre dans une université étrangère reçoivent ainsi une somme de 300 euros par mois, à laquelle s’ajoutent des financements annexes couvrant les frais d’assurances, le coût du déplacement mais aussi le suivi d’options particulières.
Citant le cas d’un étudiant suédois en médecine qui est venu faire sa scolarité en Allemagne, et qui est aujourd’hui retourné avec son diplôme dans son pays, Die Zeit a calculé que sa formation avait coûté 25 210 euros par an à l’Allemagne contre seulement 3 600 euros à la Suède, soit une différence considérable… Extrapolant ce résultat aux 29 600 étudiants suédois bénéficiant des bourses de leur gouvernement, l’hebdomadaire estime que Stockholm a ainsi économisé plusieurs centaines de millions d’euros…

La France privilégie la qualité

Ces débats trouvent également un certain écho en France où après avoir mis l’accent pendant des années sur l’importance d’accueillir un nombre croissant d’étudiants, nombre d’universités et d’écoles privilégient aujourd’hui non plus le nombre mais la « qualité » des candidats. Cette politique se manifeste notamment par la volonté de l’Hexagone de recentrer l’accueil des étudiants étrangers dans les formations de niveau masters ou doctorat, le niveau licence n’étant plus jugé pertinent. En master, par contre, les étudiants viennent acquérir une spécialisation. Il s’agit aussi pour l’Hexagone de repérer les meilleurs d’entre eux, incités alors à faire leur doctorat dans le pays, le nombre de doctorants inscrits dans les universités ayant directement une incidence sur la place des établissements dans les classements internationaux…
 


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