La capitale britannique vient enfin de lancer son programme de vélos municipaux. Son retard sur les grandes villes européennes lui a permis de profiter de leur expérience. Face à un succès qui dépasse les attentes des organisateurs, Buckingham Palace s'interroge: Sa Majesté va-elle, à son tour, se convertir à la « petite reine » ?
Vendredi 30 juillet, Londres s’est enfin mis au niveau des principales grandes villes européennes en lançant son programme de vélo municipal. « Barclays Cycle Hire », bien entendu sponsorisé par la banque britannique au bord de la faillite fin 2008, mettra dans un premier temps à disposition du public 6000 vélos dans 330 stations réparties dans le centre-ville.
Le programme a été initié il y a deux ans Son retard a, au moins, permis à la capitale britannique de s’appuyer sur les expériences voisines. « Et en particulier celle de Paris, le plus grand succès de ce programme à grande échelle, d’où une équipe est venue nous conseiller lors de l’élaboration du projet » explique Kulveer Ranger, le responsable du département des transports à la mairie de Londres. « Contrairement au vélos parisiens, nous ne mettrons pas de cadenas pour l’accrocher en dehors de sa station. Tout d’abord, cela encourage les gens à les garder alors que nous voulons un maximum de disponibilité et, ensuite, cela a entraîné de nombreux vols car les gens croyaient leur vélo en sécurité. » Autre innovation astucieuse: si le « 2 roues non motorisé » garé est endommagé, il suffit d’appuyer sur un bouton sur la borne d’arrimage ou le signaler.
Les touristes attendront septembre
Le vélo bleu londonien, que la société Kulveer Ranger, qui en a la gestion, espère voir devenir « une emblème de la capitale anglaise comme les bus rouges », ressemble beaucoup au Vélib’ parisien. Costaud, lourd (23 kilos, soit un de plus que son concurrent parisien), il a profité de plusieurs années de design supplémentaires. Son concepteur, installé au Québec, avait auparavant dessiné le vélo utilisé par la ville de Montréal. Pendant deux ans, il a travaillé à son amélioration. Chaque vélo est conçu pour rouler 16.000 kilomètres et sa durée de vie est de 15 ans.
Jusqu’à la fin du mois d’août, les vélos ne seront accessibles qu’aux abonnés. La veille du lancement du programme, 11.300 Londoniens, soit le double du nombre de vélos disponibles, avaient déjà déboursés les 45 livres sterling (52 euros, contre 30 euros à Paris) d’accès annuel au programme pour recevoir la clé magnétique qu’ils n’auront qu’à insérer dans la borne du vélo disponible pour pouvoir partir avec. Les touristes et utilisateurs occasionnels, qui emprunteront leur vélo grâce à leur carte de paiement, ne les utiliseront qu’à partir du mois de septembre. Le tarif d’utilisation est similaire à celui en place à Paris, avec les trente premières minutes gratuites.
Officiellement, le responsable de la municipalité explique ce décalage dans le temps par le désir « d’étudier le comportement des premiers utilisateurs pour pouvoir adapter nos équipes de redistribution des vélos aux besoins ». Dans les faits, les administrations des quartiers de Londres ont exprimé de nombreuses objections à l’aménagement des stations à vélos. « Londres est une ville qui regorge de sites historiques et les quartiers ne voulaient pas que leurs attraits soient détériorés par l’apparition de ces vélos. Il a fallu négocier et finalement leur accorder la disposition des stations. » Seules 330 des 400 bornes prévues sont ainsi ouvertes et tous les vélos ne seront pas mis en circulation durant les premières semaines.
Une police du vélo
Les touristes vont donc échapper, durant ce premier mois, au zèle des trente policiers municipaux spécialement affectés à la gestion des vélos. « En plus de l’aide de la police municipale, totalement intégrée au projet, cette équipe de trente policiers est mobilisée à plein temps pour empêcher les vols mais également s’assurer que les cyclistes respectent la circulation, comme l’arrêt au feu rouge et la non-conduite sur les trottoirs, » précise Kulveer Ranger.
La révolution cycliste que connait Londres depuis ces dernières années va en tout cas se poursuivre. La municipalité estime que 500.000 trajets en vélo sont réalisés chaque jour, soit un chiffre en augmentation de 170% par rapport à 2000 et de 10% par rapport à l’année précédente. Ce programme, ainsi que la mise en place d’autoroutes cyclistes – des bandes bleu ciel sur la chaussée sensées signifier aux automobilistes la présence de vélos – marque la volonté du maire Boris Johnson de favoriser un type de transport susceptible de désengorger un réseau de transports en commun saturé.