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Messieurs les banquiers, payez !

mercredi, 22 septembre, 2010 - 17:54

Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a présenté hier un vaste plan de redressement de l’économie. Salué par les marchés et les analystes financiers, ce plan combine rigueur budgétaire, taxation des banques, et relance de la croissance grâce à d’importantes baisses d’impôts pour les PME.

Messieurs les banquiers, à vous de payer ! C’est la mesure phare du dispositif présenté hier par Viktor Orban devant le parlement hongrois. Elle vise à faire passer la pilule amère de l’imposition du salaire minimum, jusqu’alors défiscalisé, également annoncée. Pillule d’autant plus difficile à avaler qu’Orban et son parti conservateur de droite (Fidesz) avaient en effet promis l’inverse en faisant miroiter des baisses d’impôts, avant les législatives d’avril 2010.

Mais après la valse-hésitation des dernières semaines et les déclarations alarmistes de politiciens hongrois qui avaient comparé la Hongrie à la Grèce criblée de dettes – affaiblissant le forint hongrois mais aussi l’euro – le gouvernement hongrois a tranché : le cap sur la rigueur est maintenu.

Pour renflouer les caisses de l’État, le chef du gouvernement a annoncé une taxation des banques, sociétés d'assurance et institutions financières pendant trois ans qui pourrait rapporter quelque 200 milliards de forints (709 millions d'euros). Une mesure qui n’est pas dirigée contre les banques mais veut introduire un « principe de prise de responsabilité mutuelle », selon Viktor Orban.  Et de déclarer sous les applaudissements:

Il y a 18 mois, l'État est venu en aide aux banques, qui ont présenté des bénéfices importants dès 2009. Il est temps qu’elles prennent désormais leur juste part dans la résolution des problèmes ». (voir photo)

Les salaires dans le public plafonnés

Déjà entamées sous le précédent gouvernement socialiste minoritaire, les coupes dans les dépenses de fonctionnement de l’Etat vont être encore plus profondes afin d'atteindre les 120 milliards de forints (425 millions d'euros) d'économie. Cela passera par le strict respect des budgets accordés, le plafonnement des revenus des dirigeants du secteur public ainsi qu'un strict examen des dépenses qui va jusqu'aux achats de voitures ou téléphone de service. Le gouverneur de la Banque centrale de Hongrie, dont le salaire mensuel est de 6 millions de forints (environ 21.000 euros), va devoir se serrer la ceinture : désormais les émoluments seront plafonnés à 2 millions de forints (7.000 euros) dans la sphère publique.

Mais ce plan de rigueur vise également à relancer la croissance, en s’appuyant, notamment, sur les PME : l’impôt sur ces sociétés est réduit de moitié, passant de 19 à 10 %.

Freiner l’évasion fiscale

Le premier ministre hongrois a, par ailleurs, annoncé l'introduction d’un impôt sur le revenu à taux unique, à 16%, comme le pratique déjà la Slovaquie. De plus, un père de famille pourra désormais bénéficier d’abattements alors qu’il était jusqu’alors imposé de la même manière qu’un célibataire.

Toutes ces mesures ont aussi un but avoué : convaincre les Hongrois, grâce à un système simplifié et plus équitable, de ne plus pratiquer leur sport favori : l’évasion fiscale. Un sport que Viktor Orban avait stigmatisé au cours d'un entretien télévisé:

En Hongrie, celui qui paie ses impôts est vu comme un 'loser', et celui qui n’en paie pas comme un type intelligent. Mais si nous voulons des hôpitaux, des écoles, une économie saine… il faut des recettes fiscales ».

Approbation des marchés

Dès son annonce, le plan hongrois a suscité l’approbation des marchés et la monnaie hongroise s’est redressée. Le forint, qui avait dévissé vendredi dernier jusqu’à 290 forints pour un euro, s’échangeait mardi soir aux taux de 283 forints/ euro. Les analystes hongrois se montraient satisfaits, comme György Barcza de la banque K & H qui estimait que les mesures suffiraient à « colmater » le déficit budgétaire.

De plus, les chiffres officiels publiés aujourd’hui – une croissance du PIB de 0,9 % par rapport au trimestre – montrent une légère reprise de la croissance en Hongrie.

Le gouvernement hongrois s’engage donc à poursuivre la politique de son prédécesseur. Le gouvernement socialiste sortant avait fixé l’objectif de déficit des finances publiques à 3,8 % pour 2010, en échange de l’octroi par le FMI et l’Union européenne d’une bouée de sauvetage en 2008 de 20 milliards d’euros.




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