Les difficultés du quotidien Le Monde, en quête urgente d’investisseurs, sont largement partagées dans la plupart des pays d’Europe, selon une étude de l’OCDE. Maigre consolation pour les Européens : la dégringolade est encore plus forte aux Etats-Unis et c’est moins pire en France qu’ailleurs.
2009 restera sans aucun doute comme une année cauchemardesque pour la presse européenne, résume l’OCDE dans un rapport sur « l’avenir de l’information et d’Internet » qui vient d’être publié. Entre 2007 et 2009, le secteur de la presse a enregistré une baisse de son chiffre d’affaires sans précédent dans 21 des 30 pays membres de l’organisation. En Europe, tous les pays sont concernés. Alors que le quotidien Le Monde a un besoin urgent d’argent frais, la presse hexagonale, avec une baisse de ses recettes de 4 % fait pourtant, comparativement, partie des moins mal loties en Europe ! Seule l’Autriche, avec un recul de 2%, s’en sort mieux… Une dizaine de pays – essentiellement ceux du Nord du Continent ainsi que l’Allemagne et la Suisse – accusent un repli inférieur ou égal à 10 % de leur chiffre d’affaires. Avec une chute de 21 %, la presse britannique enregistre les plus mauvaises performances, à peine devancée par la Grèce (-20 %), l’Italie (-18 %) et l’Espagne (-17%).
Les aides publiques indispensables
Pour les experts de l’OCDE, ces mauvais résultats s’expliquent en grande partie par une baisse des recettes publicitaires qui contribuent à assurer en moyenne 57 % des recettes des journaux. Si la crise a joué un rôle indéniable dans cette situation, le rapport rappelle par ailleurs que dans nombre de pays, et notamment au Royaume-Uni, la diminution du chiffre d’affaires des journaux avaient commencé bien avant. Et dans la plupart des pays européens, elle serait encore plus rude si la presse ne bénéficiait pas d’aides publiques : celles-ci représentent 150 millions d’euros par an en Italie, 92 millions d’euros en France, 51 millions en Suède, 29 millions en Norvège et 12,8 millions en Autriche.
Un problème d’offre ?
La baisse des recettes publicitaires ne doit pas masquer la baisse du nombre de lecteurs et notamment des plus jeunes pour lesquels Internet joue désormais un rôle déterminant, mentionne également le document. Entre 73 % des personnes âgées de 16 à 74 en Norvège et 17 % en Italie et en Irlande lisent la presse en ligne. Le nombre de lecteurs est particulièrement important dans les pays du Nord et beaucoup plus faible dans les pays du Sud. Avec un pourcentage compris entre 22 % et 21 %, la France et l’Allemagne se situent dans la moyenne.
Curieusement, les pays où les lecteurs sur la Toile sont les moins nombreux sont eux aussi ceux qui sont le plus affectés par l’érosion du chiffre d’affaires généré par la vente de journaux… Il y aurait-il alors un problème de contenu ? Sans se prononcer sur cette question, les experts de l’OCDE soulignent cependant que le nombre de journalistes a lui aussi connu une chute vertigineuse au cours de ces dernières années…