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Corruption au Royaume Uni : ministres à vendre

vendredi, 24 septembre, 2010 - 12:31

Piégés par une journaliste, trois anciens ministres de Tony Blair ont monnayé leur pouvoir d’influence sur l’action du gouvernement. Un coup dur pour le parti travailliste avant les élections, début mai.

"Je suis une sorte de chauffeur de taxi. Je travaille généralement pour 3000 à 5000 livres sterling par jour (3500 à 5800 euros). J’ai encore de nombreuses informations confidentielles car je suis encore lié au 10 Downing street (le bureau du Premier Ministre, Ndlr)."

Stephen Byers, ancien ministre du commerce puis des transports de Tony Blair, voulait faire fructifier son réseau et sa position de parlementaire. Il n’avait pourtant pas pris le temps de vérifier l’identité de son interlocutrice, officiellement directrice d’une agence de communication. Mal lui en a pris : celle-ci est une journaliste de la télévision Channel 4 et elle avait caché une caméra dans le pot de fleurs posé sur leur table. Leur discussion circule depuis sur Internet.

Au cours de son entretien, Stephen Byers, qui a annoncé depuis longtemps ne pas se représenter à son poste parlementaire lors de l’élection du 6 mai, prétend avoir fait économiser des centaines de millions à deux grands groupes britanniques après être intervenu auprès des ministres en charge de leur secteur.

"Je veux faire de l'argent"

Deux autres ex-membres du gouvernement Blair ont également été piégés par la journaliste. Patricia Hewitt, ancienne secrétaire d'Etat à la santé jusqu'à l'arrivée de Gordon Brown à la tête du parti en juin 2007, précisait qu’elle peut aider "un client qui a besoin qu’une législation particulière soit retiré" pour 3000 livres sterling par jour, tandis que Geoffrey Hoon, ancien ministre de la Défense, admettait qu’il recherche "quelque chose qui, franchement, fasse de l’argent" une fois qu’il ne sera plus parlementaire. Tous ont nié leur implication dans des opérations illégales mais, à moins d’un mois de l’élection générale, le parti travailliste a décidé de les suspendre de ses rangs dès la révélation de cette affaire.

Le débat sur la corruption des députés n’est pas nouveau. Il y a seize ans, Mohamed al-Fayed, le patron du magasin Harrods et ancien partenaire de la princesse Lady Di, avait assuré qu’il était "possible de héler un parlementaire comme on hèle un taxi". Depuis, la législation a été légèrement renforcée : les élus doivent attendre un an après avoir quitté leur poste pour travailler dans le lobbying. Le gouvernement avait pourtant refusé l’an dernier la proposition d’obliger les lobbyistes à officialiser leur identité. Il se dit aujourd’hui favorable à la mise en place d’une législation plus poussée.




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