Syndicate content

L’industrie lourde hongroise laminée par la crise

dimanche, 26 septembre, 2010 - 12:45

Les usines Dam, anciennes “Aciéries Lénine”, ont jusqu’au 24 août 2009 pour trouver un repreneur alors que, chez Dunaferr, les licenciements sont imminents. Plusieurs milliers d’emplois sont menacés dans ce secteur de l'industrie et, pendant ce temps, la crise profite… à l’extrême droite.

L’industrie sidérurgique d’Europe centrale avait survécu tant bien que mal à la chute du communisme, mais la crise économique actuelle est en train de lui porter le coup de grâce et d’aggraver les problèmes sociaux de la région.

En Hongrie, l’usine Dam, située à Miskolc, à 170 kilomètres au nord de Budapest, est en liquidation et a jusqu’au 24 août pour trouver un éventuel repreneur. Sinon, ses quelque 700 salariés seront licenciés.

Sous le communisme, Dam s’appelait les Aciéries Lénine, et employait jusqu’à 18 000 personnes. Privatisée par le gouvernement hongrois après la chute du régime collectiviste, Dam a considérablement réduit ses effectifs, a changé plusieurs fois de propriétaires et a même frôlé la faillite. Si elle a résisté aux tempêtes, c’est parce que plusieurs fabricants automobiles – Opel, Ford et Suzuki – se sont installés dans la région dans les années 1990, entraînant une croissance de la demande en aciers plats. Mais, aujourd’hui, l’entreprise risque de s’effondrer pour de bon.

Licenciements et départs en préretraite

Chez Dunaferr, autre complexe hongrois, le licenciement de 400 ouvriers est imminent tandis que plusieurs centaines d’employés devraient partir en préretraite. Après avoir maigri, le géant de l’industrie lourde, dont les usines s’étendent sur plusieurs hectares à 70 kilomètres au sud de Budapest, maintiendra encore un effectif de 7 200 personnes. Mais pour combien de temps ?

La crise ne touche pas que la Hongrie. Dans toute l’Europe centrale, les hauts-fourneaux, bâtis dans les années 1950 par les régimes satellites de Moscou, tournent au ralenti, faute de commandes. En République tchèque, par exemple, l’usine d’Ostrava, propriété du numéro un de l’acier, ArcelorMittal, ne produit plus que 35 % de sa capacité de 250 000 tonnes par an.

Selon la Fédération mondiale de l’acier, l’industrie sidérurgique connaît la crise la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale. Récession planétaire, baisse importante de la production automobile et de la construction mécanique font que la demande dans l’Union européenne s’effondre et devrait baisser de 28,8 % en 2009, alors que la demande mondiale ne diminuerait que de 14,9 %.

En Hongrie, la crise risque d’accroître les problèmes sociaux dans une région déjà minée par le chômage de longue durée. À Miskolc, siège du complexe sidérurgique Dam et deuxième ville du pays, le taux de chômage atteint 16 %, la moyenne nationale se situant à 9,8 %. Dans certains villages situés aux alentours de Miskolc, il avoisine les 50 %.

Les Roms, premières victimes

Istvan Lakatos, 32 ans, ancien ouvrier lamineur, a été licencié par l’aciérie il y a dix ans. Ce jeune père de famille d'origine tsigane confie:

J’ai travaillé au haut-fourneau dès 18 ans, comme mon père et mon grand-père. Tout cela, c’est fini ! Je fais des petits boulots au noir, de la peinture en bâtiment, mais il y en a de moins en moins ».

Les Roms, environ 7 % de la population, occupaient les postes les moins qualifiés de l’industrie sidérurgique et ont été les premiers à perdre leur emploi au début des années 1990.

Aujourd’hui, les 700 salariés de Dam sont des ouvriers qualifiés, la plupart âgés de plus de 50 ans. Leur perspective de retrouver un emploi est maigre : malgré des aides européennes, la municipalité peine à mettre en place des plans de formation et de reconversion, et il n’y a pas de créations d’emplois dans la région.

Pas étonnant, alors, que Miskolc soit la ville où l’extrême droite a fait la percée la plus spectaculaire aux élections européennes de juin dernier ; le petit parti Jobbik, non représenté au parlement hongrois, y a remporté 21 % des voix. Jobbik, qui entretient la tension sociale en rendant les tsiganes responsables des problèmes du pays, a désormais trois députés au Parlement européen.




Mots clés
, , , , ,
Pays