Les prix de l'immobilier en France sont repartis nettement à la hausse et flambent à Paris. Ils commencent aussi, mais beaucoup plus timidement, à remonter à Londres. Les transactions sont cependant moins nombreuses. A Madrid et Rome, l'attentisme prédomine toujours.
Les prix de l'immobilier ancien ont progressé de 2,5 % en France au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent. Sur un an, la hausse de l'immobilier en France atteint 8,6 %. Au troisième trimestre 2010, les prix des logements anciens ont progressé de 2,5 % par rapport au second trimestre, selon les données provisoires collectées par l'INSEE et les notaires. Globalement, en France, le prix des maisons a progressé de 2,5 % et celui des appartements 2,4 %.
Concernant l'immobilier à Paris, pour les appartements anciens, le prix moyen du mètre carré dépasse les 7.000 euros à Paris au troisième trimestre, soit une hausse de 13,8% sur un an. "Le manque d'offres par rapport à la demande continue de pousser les prix à la hausse", expliquent les notaires d'Ile-de-France dans une note de conjoncture publiée hier. Sur un an, les ventes des appartements anciens ont cependant progressé de 16% à Paris, de 26% en petite couronne et de 22% en grande couronne. Reprise en fanfare qui ne manque pas d'inquieter la Chambre des notaires de Paris: "à plus long terme, la question fondamentale de la dégradation progressive de la solvabilité des ménages reste posée".
Ailleurs en Europe, les prix semblent également se redresser à Londres, sans que l’on puisse vraiment parler, comme à Paris, d’une réelle reprise du marché immobilier. A Madrid et à Rome, l'attentisme des acheteurs prédomine encore.
Madrid échaudée
En Espagne, l'ancienne ministre au Logement espagnole, Beatriz Corredor, faisant preuve d’un surprenant optimisme, affirmait déjà début 2010 que c’était "le bon moment pour acheter!" , en estimant alorsque les prix du logement dans les grands centres urbains pourraient remonter cette année, après plus de deux ans de baisse continue. Mais neuf mois plus tard, la hausse annoncée se fait toujours attendre comme la reprise économique.
Et pour acheter, encore faut-il emprunter. Or, la contraction du crédit hypothécaire devrait perdurer, selon la Banque d’Espagne. Chat échaudé craint l’eau froide : alors que leur taux de créances douteuses a grimpé en trois ans à plus de 5% , les banques sont devenues extrêmement prudentes et accordent désormais des crédits immobiliers au compte-gouttes. Le montant total des prêts immobiliers accordés en septembre a encore baissé de 15,9% par rapport au même mois de 2009, selon les chiffres officiels publiés hier.
Elles ont également sur les bras un parc immobilier pléthorique qui ne trouve pas preneurs. Ce sont les dizaines de milliers d’immeubles récupérés auprès des promoteurs en défaut de paiement. La bulle spéculative a laissé derrière elle, en éclatant, plus d’un million de logements neufs invendus. Ecouler cet excédent prendra du temps et ne favorisera pas la reprise du marché, prévue pour 2012 par certains analystes.
Une raison de plus pour patienter encore avant d’acheter. Car la baisse des prix de l’immobilier n’a, finalement, été que de 15% en deux ans, selon Tinsa, alors que dans d’autres pays frappés par la crise immobilière, l’ajustement a été beaucoup plus radical. Compte tenu du niveau exorbitant atteint lors de la période spéculative, les prix peuvent encore baisser. En attendant, les acheteurs potentiels peuvent louer leur logement à moindre coût et plus facilement qu’autrefois, le nombre d’immeubles en location ayant augmenté à la faveur de la crise.
Londres repart aussi
En Grande Bretagne, les prix à l'achat remontent plus lentement qu'à Paris. La faiblesse de l'offre a engendré une hausse de 6,1% sur un an en Grande-Bretagne et de 10,3% à Londres. Selon une enquête du groupe immoblier Savills, 859.000 logements se sont vendus en 2009 en Grande-Bretagne, soit une baisse de 52% par rapport aux années fastes de 2006 et 2007.
Les prix restent néanmoins inférieurs de 10% aux prix moyens de 2007. De nombreux agents estiment que l'environnement macro-économique défavorable devrait continuer à influer fortement sur les prix: la pression du chômage et, comme en Espagne, la difficulté d'obtention de crédits devraient engendrer une stabilisation, sinon une rechute.
Rome encore trop chère
En Italie, la crise de l’immobilier perdure depuis deux ans. Coté ventes, les prix des appartements, notamment dans la capitale, restent néanmoins parmi les plus élevés d’Europe. A titre d’exemple, un trente mètres carrés situés dans le centre de Rome, en rez-de-chaussée, sans cuisine, sans lumière et sans placards, coute environ 400.000 euros. Selon Tecnocasa, le numéro un des intermédiaires de l’immobilier, les prix à la vente devraient chuter de 5% d’ici la fin de l’année dans les grandes métropoles.
Une mesure qui ne devrait toutefois pas suffire pour relancer un marché toujours déprimé. De nombreux ménages disposant d’un revenu moyen étant dans l’incapacité de rembourser leurs crédits immobiliers, les banques sont de plus en plus frileuses. Du coup, affirme Tecnocasa, les acheteurs potentiels sont contraints d’attendre une relance du crédit. Selon la bourse de l’immobilier italien, le volume des transactions a baissé de 15,6% l’an dernier.