Le Portugal ferme ses écoles rurales
Le gouvernement veut améliorer l’enseignement en privilégiant le regroupement scolaire, du primaire au secondaire. Conséquence : la fermeture de 900 écoles rurales dans les régions les plus pauvres du pays. Mais ici, il n’est pas question d’augmenter le nombre d’élèves par classe. Du moins officiellement.
Les salles de classe traditionnelles ont leurs jours comptés au Portugal. Une nouvelle vague de fermeture d’écoles du primaire vient d’être annoncée, sacrifiées sur l’autel de l’austérité et au nom de sainte efficacité. Ce sont 500 classes ayant moins de vingt élèves qui vont être supprimées dés la rentrée scolaire et 400 autres d’ici deux ans. Outre l’effectif des classes, des critères comme la vétusté de l’établissement où les conditions de travail des élèves vont être pris en compte. Isabel Alçada, ministre de l’éducation, l'affirme:
Il s’agit de transférer les élèves vers des établissements mieux adaptés pour qu’ils puissent bénéficier de meilleures conditions d’étude. La mesure vise l’équité et l’égalité des chances face à l’enseignement ».
Selon le ministère, sur les 3200 établissements du premier cycle, 600 ont moins de vingt élèves et 400 moins de dix. A la fin du processus de regroupement scolaire, environ 15 000 enfants devront avoir changé de classe. Comment ? Par un regroupement scolaire vertical, où seront associés maternelles, primaires et classes secondaires de manière à englober tout le cursus obligatoire d'une durée de 12 ans, (qui se termine à l'âge de 18 ans par l'équivalent du bac). La gestion des groupements a été confiée aux établissements du secondaire.
Faire des économies et investir
Les syndicats des enseignants se sont montrés plus que réservés quant à la décision qu’ils espèrent ne pas être dictée par la seule volonté de réduire le budget de l’éducation nationale. Concrètement, ce sont des régions rurales, du nord et du centre du pays qui vont être le plus affectées par ces suppressions de classes. Des régions où, justement, l’enseignement est le plus problématique, le taux d’échec scolaire y étant plus élevé.
Inquiétude aussi du côté des municipalités, qui veulent donner leur avis sur la décision de fermer ou non une école et, surtout avoir l’assurance que les moyens de transports efficaces seront garantis. Si on affirme au Ministère de l’éducation que les déplacements ne devront pas excéder une demi-heure, les mairies sont sur la défensive.
Les parents sont, eux aussi particulièrement préoccupés par les distances et les trajets à parcourir dans des régions déjà frappées de désertification humaine. Beaucoup s’inquiètent des conditions de vie réservées à des jeunes enfants, et à l’impact sur le budget familial, au sein de foyers qui comptent sur la solidarité intergénérationnelle et de tradition rurale pour faire face.
Un « pari sur le futur » contesté
Certaines municipalités ont déjà annoncé leur résistance au projet gouvernemental, avec le soutien des parents et de la Fenprof, la puissante fédération syndicale des enseignants. Le ministère affirme, pour sa part, avoir déjà reçu l’aval des mairies concernées par les fermetures et la liste des classes sera présentée le 15 juin. Le processus de regroupement scolaire a été entamé en 2005, et ce sont 2500 établissements qui ont déjà été fermés.
Parallèlement, le Portugal a entamé une requalification très ambitieuse de son parc scolaire. Elle concerne 332 des 447 établissements du pays pour un investissement global jusqu’à 2015 de 2,5 milliards d’euros. Considéré comme un « pari sur le futur » le programme de modernisation de l’éducation est l’un des rares qui avait jusqu’à présent été préservé des différentes mesures d’austérité annoncées depuis le début de l’année 2010 par le gouvernement portugais.