Samedi, 5.000 militaires et 450 blindés vont défiler sur les Champs Elysées. Pour le premier 14 juillet du Président Hollande, rien de changé donc, comme si la parade échappait aux réalités budgétaires. Ce n'est pas le cas dans d'autres pays d'Europe où l'armée défile également.
Le défilé du 14 juillet est une telle institution en France que l'on a tendance à considérer cette manifestation comme unique en Europe. Ce qui est certain, c'est que ce défilé est ancien puisqu'il se déroule depuis la création de la fête nationale en 1880 et ne s'est interrompu que durant les cinq étés de l'occupation allemande.
Il est par ailleurs très imposant puisqu'il réunit 4 à 5.000 militaires en costumes d'apparat et le meilleur de la technologie terrestre et aérienne de l'armée française. Malgré les restrictions budgétaires à l'ordre du jour, il est à noter que le cru 2012 ne le cède en rien au cru 2011. Comme d'habitude, 4 millions d'euros vont partir en fumée comme le sillage de la patrouille de France…
Cependant, ce n'est pas le plus imposant des défilés en Europe puisque 15.000 soldats et officiers russes défilent tous les 9 mai à Moscou pour fêter la victoire sur l'Allemagne nazie. Et ce n'est même pas le plus ancien, puisque le "salut aux couleurs" britannique célèbre à Londres l'anniversaire du souverain depuis 1746 !
Pas de blindés devant la Reine
Reste qu'il n'y a pas, à proprement parler, de fête nationale au Royaume Uni. Il y a d'un côté la fête des Saints patrons, fête célébrée avec faste en Irlande pour la St Patrick et en Écosse pour la St Andrew. Mais l'Angleterre ne fait pas beaucoup recette avec la Saint George, le 23 avril.
En revanche, le jour anniversaire de la naissance du souverain est considéré comme l’équivalent de la fête nationale britannique. A noter que les Anglais n'ont pas la religion de la date: la reine Elizabeth est née le 21 avril, mais son anniversaire est officiellement fêté le premier, le deuxième ou le troisième samedi du mois de juin. Une tradition qui remonte au début du XXème siècle suite à la décision du roi Edouard VII de ne plus endurer le froid et la pluie en fêtant son anniversaire le 9 novembre…
Ni chars, ni véhicules modernes ne prennent part à la parade devant la souveraine: seules l’infanterie et la cavalerie défilent, ce qui limite largement le coût de la cérémonie pour le contribuable, même si elle s'achève par le passage de plusieurs appareils de l’armée de l’air.
Pas de soldats en Allemagne
En Allemagne, la fête nationale est, depuis près de 22 ans, fixée au 3 octobre, jour anniversaire de l’unité allemande rétablie le 3 octobre 1990. Mais l’enthousiasme populaire autour de cette fête nationale est très limité et elle est avant tout un jour férié comme un autre. Quelques manifestations officielles sont cependant organisées, dont la plus importante se déroule dans la capitale du Land qui préside le Bundesrat. On y célèbre un service religieux œcuménique. Mais il n'y a ni défilé militaire, ni grande fête populaire.
L'Europe du sud marche au pas
En Espagne, la "Fête de l’Hispanité" a lieu tous les 12 octobre pour commémorer l’arrivée en Amérique de Christophe Colomb en 1492 et la naissance de l’Empire espagnol. C'est une fête assez contestée dans la mesure où elle a été instaurée en 1958 par le régime franquiste et parce qu'elle célèbre à la fois l'armée et la colonisation espagnole de l'Amérique. Comme en France, un imposant défilé militaire est organisé à Madrid, mais depuis 2009, du fait de la crise économique, le nombre de militaires mobilisés pour la parade a été sensiblement réduit. L'an dernier, il y avait quand même 3.000 hommes, 147 blindés et 55 avions dans les rues et le ciel de Madrid.
La crise décime la troupe
Le Portugal va nettement plus loins dans l'austérité. Le 10 juin dernier, jour de la fête du grand poête Camoens et des Communautés portugaises, la cérémonie organisée à Lisbonne offrait un programme minimum. Les véhicules de l'armée gloutons en essence ont été remisés au garage tandis que moins de 1.000 militaires ont défilé cette année.
En Italie, pour la fête nationale qui a lieu le 2 juin, anniversaire du référendum ayant consacré la république en 1946, l'armée défile à Rome sur la via dei fori imperiali, perçée par Mussolini de 1931 à 1933 justement pour faire défiler les troupes. Des troupes qui étaient alors fascistes. Ce qui explique peut-être que la démonstration ne suscite plus l'enthousiasme des foules.
Pourtant, jusqu'en 2011, le défilé était d'envergure puisque 5.000 militaires reliaient au pas cadencé le Colisée et la piazza Venezia. Tout a changé en 2012 avec l'arrivée au pouvoir du "père la rigueur" qu'est le président du conseil Mario Monti. Le chef du gouvernement a en effet ramené à 2.500 le nombre de soldats à la parade.
Une raison supplémentaire pour les Italiens de se précipiter à la plage qui est à moins d'une heure du centre de Rome…
