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Les blouses blanches italiennes débauchées par les Émirats

lundi, 4 octobre, 2010 - 12:01

Pour combler une pénurie de spécialistes dans leurs hôpitaux ultramodernes, les Émirats viennent recruter en Italie des praticiens dépités par leurs conditions de travail locales.

Une solution inespérée en période de crise ? C’est la question que se posent les médecins italiens face à l’initiative des émirats qui ont dépêché, à Bologne, des émissaires pour recruter jusqu’à deux cents praticiens, toutes spécialités confondues.

Alors que le corps médical italien se plaint de plus en plus de ses conditions de travail et de ses faibles rémunérations, voilà que les Émiratis viennent leur proposer de s’embarquer avec stéthoscope et bagages pour la péninsule arabique, moyennant des conditions très alléchantes. À la clef, en effet, des salaires confortables exonérés d’impôts, quarante-sept jours de congés payés, ainsi que de nombreux avantages annexes. Sans compter une expérience professionnelle enrichissante que laisse entrevoir la mise en place de structures sanitaires super équipées à Dubai, Abu Dhabi ou encore à Doha, au Qatar.

Car la péninsule arabique connaît une pénurie de personnel spécialisé. Après avoir multiplié les appels du pied aux blouses blanches nord-américaines et dans certains pays d’Europe du Nord en leur promettant des ponts d’or, ils viennent à présent pêcher des spécialistes en Italie, où ces derniers sont susceptibles de se laisser plus facilement séduire.

Les salaires promis valent bien quelques sacrifices.

Un médecin jeune diplômé peut gagner dans les 3 500 euros par mois, un spécialiste jusqu’à 7 000 euros, note un chasseur de tête. Plus, bien sûr, les à-côtés. Au final, les salaires peuvent dépasser la barre des 15 000 euros.

Opération publicitaire coup de poing

Pour dénicher les meilleurs praticiens, les émissaires des Émirats ont donné mandat à Idea Lavoro, un cabinet de recrutement très coté dans le milieu médical, qui a pignon sur rue à Bologne. La deuxième étape a été franchie avec une série d’annonces publiées dans la presse italienne. Une opération publicitaire coup de poing s’imposait en effet. L’objectif final étant de sélectionner entre cent et deux cents candidats.

Les sélections se sont déroulées dans un hôtel prestigieux de Bologne. Pendant deux jours, les recruteurs ont rencontré quelques centaines de candidats venus de toute l’Italie, épluché leurs curriculum vitae et évalué leurs motivations. Les résultats de ces examens professionnels devraient être rapidement publiés. Mais en attendant de connaître leur sort, les blouses blanches, qui ont répondu présentes à l’appel des cheiks, se voient déjà en train de compter leurs dollars tout en sirotant un verre de thé à la menthe dans leur magnifique villa avec piscine et palmiers…

"Pour moi, il s’agit seulement d’une parenthèse. J’ai une famille à charge et un contrat à durée indéterminé en milieu hospitalier", explique un urologue sous couvert d’anonymat pour éviter de se mettre en porte-à-faux avec son employeur actuel. Un cardiologue, quant à lui, confie, après son entretien d’une heure avec un examinateur, qu’il "travaille occasionnellement à Dubai et touche 20 000 dollars [soit 14 068 euros] par semaine, mais [veut] voir s’il y a de la surenchère".

D’autres encore évoquent leurs difficultés en Italie : un système bloqué par les barons, des salaires de misère et des soucis au quotidien en raison de la crise. Du coup, la promesse d’un salaire pharaonique, de billets d’avions en classe business, de prise en charge des frais d’éducation des enfants dans les meilleures écoles, résonnent comme le chant des sirènes.


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