Un ancien directeur des ressources humaines de la ville d’Amsterdam est devenu proviseur d’un collège “à problèmes” dont 99 % des élèves sont issus de l’immigration. Deux ans après sa nomination, les nouvelles méthodes de management ont fait leur preuve
C’est un bel exemple de pragmatisme et de sens des responsabilités à la néerlandaise : Eric ten Hulsen, ancien directeur des ressources humaines de la ville d’Amsterdam, a accepté de quitter son poste en 2007 pendant deux ans pour devenir le proviseur d’un collège public à problèmes.
"Une chance unique, dit-il, de plonger dans l’univers d’Amsterdam." Son établissement, le Calvijn met Junior College, fait pourtant partie des “écoles noires” qui, dans toutes les grandes villes du pays, se distinguent par leur forte population immigrée. Sur un total de cinq cents élèves, il ne compte que six autochtones, des Néerlandais de souche. Les autres sont tous enfants d’immigrés marocains, turcs, surinamais ou antillais.
Situé en plein cœur de Slotervaart, un quartier d’Amsterdam secoué par des émeutes en octobre 2007, le collège était en proie à un fort taux d’échec scolaire et en butte à la démotivation des enseignants. La ville d’Amsterdam a pris le taureau par les cornes en organisant, en septembre 2006, une grande réunion avec des entreprises et des experts pour trouver des solutions concrètes.
Des élèves "bourrés de talent"
Aujourd’hui, le collège passe pour un modèle, grâce aux méthodes de management utilisées par Eric ten Hulsen. "Communication, règles simples et sanctions fermes, fort accent placé sur l’estime de soi", tels sont les axes travaillés par le nouveau proviseur. "Les enfants sont bourrés de talent, explique-t-il, il faut placer la barre haut. C’est une grossière erreur de ne pas attendre beaucoup d’eux."
Le temps d’apprentissage a été allongé, passant de trente-six à quarante-cinq heures par semaine, avec des leçons de “compétences sociales”, sur la meilleure manière de se présenter, et des cours supplémentaires de néerlandais pour pallier les lacunes des collégiens, qui ne parlent pas cette langue chez eux. Chaque élève a désormais son “tuteur”, un professeur qu’il peut consulter pour toutes sortes de problèmes. En outre, des sociétés privées consacrent du temps au collège : des professionnels reçoivent en effet les élèves sur leur lieu de travail pour leur dispenser des conseils d’orientation.
Eric ten Hulsen, un "Amstellodamois de cœur", explique modestement avoir voulu faire quelque chose pour son quartier natal de Slotervaart. Les sponsors privés du collège se sont engagés à hauteur de 6 millions d’euros jusqu’en 2012, soit 30 % du budget de l’école, qui va bientôt s’installer dans de nouveaux locaux.