La ville alsacienne de Saint-Louis rechigne à accepter l’offre de Bâle, sa voisine suisse, de financer 40% d’un tramway qui relierait les deux villes ainsi que leur voisine allemande Weil-am-Rhein. Cette dernière a tout de suite accepté, elle…
La ville de Saint-Louis, au sud de l’Alsace, possède une situation enviable : partie intégrante de l’agglomération de Bâle, elle bénéficie gratuitement de l’attractivité et des équipements de sa grande voisine. Elle en subit aussi les contraintes. La circulation automobile est infernale aux heures de pointe, quand les travailleurs frontaliers s’en vont ou rentrent du travail.
Les Suisses ont proposé, au printemps dernier, de payer pour que leur tramway passe la frontière et desserve, sur quelques kilomètres, les quartiers les plus habités de cette banlieue française de Bâle. La proposition concerne deux lignes de tram, l’une passant dans le centre-ville et jugée prioritaire par les Suisses, l’autre irrigant un quartier périphérique mais jugée moins urgente. Budget estimé : 160 millions d’euros, dont 40 % financés par le canton de Bâle.
Deux tracés en lice
Jean Ueberschlag, le maire (UMP) de Saint-Louis, fait la fine bouche.
Les suisses proposent deux tracés : la ligne 11 par le centre-ville, puis, éventuellement, la ligne 3 par les quartiers ouest. Nous ne voulons pas de la première, qui passerait sur un axe encombré et trop étroit : l’avenue de Bâle. Il faudrait que je la mette à sens unique. Je ne le ferai pas.
Quant au prolongement de la ligne 3, pris en compte sans enthousiasme, en “priorité B” et pour 2014 par les autorités helvétiques, il ne desservirait qu’une friche de 110 hectares en cours d’aménagement du quartier gare-ouest de Saint-Louis. Peu d’intérêt pour les suisses de financer un tram sans voyageurs ! Mais il en va tout autrement pour le Maire qui veut faire de ce quartier le pôle de développement futur de sa commune. Avec, en perspective, 90 000 mètres carrés de commerces et un golf.
La commune de Weil-am-Rhein, symétrique à Saint-Louis dans la banlieue allemande de Bâle, a déjà saisi sa chance et accepté, en 2008, les propositions et l’argent suisse. Les Français attendront-ils la péremption de l’offre de leurs voisins, préférant leur système d’autobus transfrontaliers, en correspondance avec le tram à Bâle ?
Si Berne ne devait pas suivre notre avis, à la fin de cette année, je soumettrais l’option de la ligne 11 en référendum aux riverains concernés", concède, perfide, Jean Ueberschlag. Il sait très bien que les riverains en question refuseront le tram sous leur fenêtre…