L’Europe a les moyens de combattre la crise. Des centaines de grands travaux ont été lancés. “L’Européen” en a sélectionné dix, porteurs d’emplois et de croissance.
Oui, l’Europe peut nous sortir de la crise. La première puissance économique du monde en a largement les moyens. Mais pas la volonté. Pour la relance de son économie, l’Union européenne n’a mis pour l’instant sur la table, en additionnant des plans de relance nationaux disparates, que 200 milliards d’euros, alors que les États-Unis vont y consacrer 787 milliards de dollars (605 milliards d’euros). Trois fois plus.
Or, il est non seulement possible, mais aussi urgent, d’au moins doubler cette mise en finançant des projets d’intérêt européen. Ne nous y trompons pas, ce n’est pas la “technocratie bruxelloise” qui bloque et rogne les financements des investissements. Ce sont les dirigeants des États membres, uniquement préoccupés de “vendre” à leurs concitoyens des plans nationaux concoctés pour assurer leur réélection.
Mobiliser l’opinion publique
C’est cette inertie qui prive le Continent d’une dynamique de développement d’ensemble. D’où l’appel que lance aujourd’hui L’Européen en faveur d’une mobilisation de l’opinion publique. En saisissant, dès maintenant, l’occasion que leur offrent les élections européennes de donner de la voix en votant massivement, les Européens peuvent et doivent secouer tous ces gouvernements qui traînent les pieds.
Car l’Europe n’a pas seulement les moyens de remettre le Continent sur la voie d’une croissance durable, elle en a les outils. Des centaines de projets déjà conçus, validés et, pour la plupart, en chantier, qui constituent un ensemble parfaitement cohérent : le transport combiné (acheminement en continu des marchandises et des voyageurs par la route, le rail, la mer…), qui facilitera les échanges en préservant l’environnement ; les connexions énergétiques (lignes à haute tension, gazoducs…), qui garantiront l’alimentation à moindre coût ; les nouvelles technologies de l’information, qui favoriseront l’aménagement harmonieux des territoires ; l’intégration des efforts de recherche, gage pour l’Europe d’une maîtrise de son avenir.
Plus de 900 milliards d’euros sont en jeu d’ici à 2025, avec les réseaux transeuropéens [RTE] de transport, d’énergie, de télécommunication », indique-t-on à la Commission de Bruxelles.
Un pactole qui n’inclut pas le projet Galileo de navigation par satellite, la généralisation de l’Internet haut débit, les autoroutes de la mer, les gazoducs, la promotion d’un espace européen de recherche ou le marché unique de la santé… Ces projets ne dorment plus dans les cartons des bureaux d’études. Ainsi, les trente chantiers prioritaires de transport (dont quatorze lancés dès 1994) requièrent, d’ici à 2025, 400 milliards d’euros d’investissements, dont un gros tiers a déjà été engagé.
Tout irait pour le mieux si plusieurs grands programmes n’avaient cessé d’accuser, depuis des années, des retards à répétition. Résultat : ils ne seront achevés que dans dix ou quinze ans, voire plus. Les problèmes de financement ne font que traduire une absence de volonté politique.
200 milliards d’euros
Ainsi, sur 20 milliards d’euros initialement proposés par la Commission pour le financement des RTE entre 2007 et 2013, seulement huit ont été effectivement validés par les gouvernements. Les fonds européens atteignant à peine 20 % du total nécessaire, le reste est à la charge des États membres. Or, ces derniers ne sont pas pressés de s’engager dès lors qu’ils n’y trouvent pas un intérêt politique immédiat et peinent à monter des partenariats avec le secteur privé qui réclame des rentabilisations rapides.
Pour ne pas manquer l’occasion historique d’exploiter de splendides gisements de croissance, un sursaut est nécessaire. Sursaut collectif à l’échelle de l’Union, dont la politique budgétaire devrait faire l’objet de réallocations massives; sursaut au niveau des pays qui affichent un volontarisme de façade, alors même que les responsables budgétaires coupent les lignes de crédit.
Pour lancer concrètement le débat, L’Européen a sélectionné dix projets. Ils sont tous très porteurs, tous à défendre, certains peut-être à sauver. Pour chacun d’eux, nous avons identifié les facteurs de blocage. Ces projets représentent des investissements globaux de près de 200 milliards d’euros. Et ce qu’ils généreront, en termes d’activités créées, représente des montants quatre à six fois supérieurs. Mais ce sont aussi de vraies aventures humaines qui dynamiseront durablement l’économie européenne.