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Les leçons d’un vote de défiance

dimanche, 10 octobre, 2010 - 15:08

La démocrate chrétien Christian Wulff vient d’être laborieusement élu Président de l'Allemagne face à un adversaire social-démocrate qui avait la préférence des Allemands. Un camouflet pour Angela Merkel dont la popularité s’effrite. Comme celles d’autres leaders européens, en France et ailleurs...

Un an après sa réélection, cette victoire à l’arrachée à l'issue de neuf heures de vote, est un cuisant échec pour Angela Merkel. Son candidat, Christian Wulff, n'a jamais fait le plein des voix des grands électeurs chrétiens démocrates et libéraux largement majoritaire au sein du collège qui élit le président allemand (parlementaires fédéraux et représentants nommés par les Länder). Le ministre-président de Basse-Saxe l’a finalement emporté au troisième round à l’usure et non par KO. Il avait face à lui un candidat fort d’un réel soutien populaire qui lui faisait cruellement défaut. Dans le propre camp de la Chancelière, des suffrages se sont reportés sur ce candidat du SPD et des Verts, Joachim Gauck, ancien militant des droits de l'Homme.

Chasse aux « traites »

Outre-Rhin, les commentateurs, toutes tendances confondues, reviennent davantage sur le « fiasco de Merkel » que sur la promotion à la présidence de la République fédérale d’un baron de la CDU de 51 ans dont la plupart d’entre eux dénoncent le manque criant de charisme. Mais sans attendre, dans les rangs de la CDU et de son allié le FDP, la chasse aux « traites » – les 44 élus des deux partis qui ont refusé d’apporter leur voix à Christian Wulff – est ouverte.

Reste que cet « affront » est le reflet des tensions entre les partenaires de la majorité au pouvoir et de la défiance générale à l’égard du pouvoir en place. En Allemagne comme dans d’autres pays européens.

En France, les élus de l’UMP n’hésitent plus à critiquer les décisions de Nicolas Sarkozy, au plus bas dans les sondages comme la Chancelière allemande.

Et ils ne sont pas les seuls à être confrontés à une impopularité croissante : le jour même de l’élection du président allemand, les Grecs étaient de nouveau descendus dans la rue pour manifester contre les mesures d’austérité prises par leur gouvernement et conspuer le premier ministre socialiste, George Papandréou…

Après moi, le déluge !

En refusant leur voix au candidat de la chancelière, les élus réfractaires se sont aussi élevés contre le « jeu perso » d’Angela Merkel qui a préféré dans cette affaire faire passer son propre intérêt devant celui de la Nation. En retirant son candidat au profit de celui présenté par l’opposition, Joachim Gauck, ancien dissident de la RDA et ex-responsable des archives de la Stasi, elle aurait permis la victoire d’une autorité morale qui fait l’unanimité dans le pays. Mais pour son avenir politique, elle a estimé avoir plus à gagner avec l’élection de Christian Wulff à la présidence de l’Etat. Elle évince ainsi un de ses derniers adversaires dans son camp alors les autres principaux « contestataires » au sein de la majorité ont annoncé ces dernières semaines leur retrait pur et simple de la vie politique. Après moi, le déluge…


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