« Plus de 10 % des arrêts de travail sont injustifiés », titrait récemment un quotidien économique. La France serait-elle donc devenue un repère de faux malades et de médecins complaisants, au cœur d’une Europe laborieuse ?
En fait, la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) a contrôlé 285.000 arrêts de travail de moins de 45 jours, sur un total de 7 millions. Des contrôles ciblés, visant des médecins repérés comme trop généreux et les arrêts répétitifs. 31.350 d’entre eux ont fait l’objet d’un avis médical défavorable, soit 11% des contrôles effectués sur un échantillon très réduit.
En revanche, la Cnam a systématiquement contrôlé le 1,2 million d’arrêts de travail de plus de 45 jours. Cette fois, 13% ont fait l’objet d’un avis défavorable : justifiés jusqu’au 45ème jour, ils ne l’étaient plus ensuite et les intéressés ont dû quitter la chambre et retrouver leur entreprise.
Mieux vaut donc considérer ces chiffres avec prudence. D’ailleurs, la France est très loin du record d’Europe des indemnités maladie et invalidité (IMI), qui lui coûtent 1,6% de son produit intérieur brut (PIB), selon l’OCDE. Ce chiffre atteint en effet 4,9% en Norvège, 4,6% aux Pays-Bas, 3,2% en Suisse, 2,3% au Royaume-Uni… Des pays où la réduction du chômage a coïncidé avec la multiplication du nombre d’invalides, souligne l’OCDE.
Ce n’est pas un hasard si le coût de ces indemnités est, en France, à peu près égal à celui des indemnités de chômage, alors qu’il est trois fois plus élevé aux Pays-Bas et en Suède et neuf fois plus élevé au Royaume-Uni et en Norvège.
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