De plus en plus de parents sont agressés par leurs propres enfants. À Madrid, le procureur tire la sonnette d’alarme.
C’est le monde à l’envers. La violence domestique ne se réduit plus au mari qui bat sa femme ou à la mère flanquant des taloches à ses gamins. En Espagne, de plus en plus de parents sont agressés par leurs enfants adolescents, un phénomène en passe de devenir un véritable problème social. En 2008, 4 200 personnes ont porté plainte pour coups portés par leur progéniture, soit 56 % de plus que l’année précédente, selon un rapport récent du procureur espagnole. Un chiffre qui est même en deçà de la réalité car bon nombre de parents agressés renoncent à porter plainte de peur d’aggraver le conflit familial « de manière irréversible », indiquent les auteurs de l’enquête. Le phénomène touche « toutes les classes sociales, sans exception » dans ce pays qui compte trois millions de mineurs âgés de 12 à 18 ans, pour 44 millions d’habitants.
La violence des mineurs souvent débattue
L’augmentation du nombre de plaintes aurait plusieurs causes. Que ce soit par le biais des jeux vidéo, de la télévision ou du cinéma, les jeunes sont aujourd’hui bombardés par des messages violents. D’autre part, la violence des mineurs – à l’école ou dans la rue – est un sujet fréquemment rebattu dans les médias et dans la vie publique. Du coup, les parents sont de plus en plus sensibles et préoccupés par ce thème. Ce qui explique qu’ils soient aujourd’hui plus nombreux à franchir le pas et à porter plainte contre leurs rejetons. « La violence survient lorsque toutes les voies de communication sont rompues, et lorsque les adultes ne savent plus comment aborder les problèmes avec leurs enfants », déclare le psychologue Andrés Gonzalez Bellido au quotidien El Pais.
La plainte ne débouche pas forcément sur un procès : la médiation est une issue possible, grâce à l’intervention de psychologues et de travailleurs sociaux qui peuvent aider à renouer un dialogue rompu. Dans son rapport, le procureur note que certaines municipalités s’emploient à trouver des solutions. Ainsi, la ville de Valencia a mis en place une "École des parents", lieu d’accueil et de conseil aux familles désarmées et totalement désemparées face à la violence de leurs bambins.