De plus en plus de candidats à l’expatriation universitaire optent pour les pays d’Europe centrale et orientale. Leurs atouts ? Des études bon marché, des programmes de qualité et qui plus est en anglais, des partenariats avec les meilleures universités européennes et américaines.
Laurent Nicolas n’aura pas hésité longtemps avant de trouver son point de chute. Cet étudiant, en 4e année de Sciences Po à Bordeaux, qui souhaitait participer à un programme d’échange Erasmus, s’est envolé il y a un an pour Ljubljana, en Slovénie. Il se souvient:
Je souhaitais partir dans un des nouveaux membres de l’UE. C’était pour moi le moyen de mieux comprendre comment se passait la transition.
Comme Laurent, de plus en plus d’étudiants européens choisissent de mettre le cap sur l’Europe centrale et orientale. Le nombre de participants au programme Erasmus en échange dans les nouveaux membres de l’UE est ainsi passé de 4 261 à 16 995, entre 2000 et 2009. La Pologne, avec 5 583 étudiants accueillis, reçoit plus d’étrangers que l’Irlande ou l’Autriche.
La Hongrie ou la République tchèque se montrent plus attractives que la Grèce ou la Norvège. « L’université de Prague est l’une des plus attractives, note Dennis Abbott, porte-parole du Commissaire européen en charge de l’éducation, Androulla Vassiliou. Et l'Université de Ljubljana est la plus active dans les projets de coopération Erasmus. » De plus, ces statistiques Erasmus officielles ne prennent en compte qu’une partie de la mobilité transnationale estudiantine.
En Roumanie, par exemple, l’Université Hatieganu à Cluj-Napoca comptait à la rentrée 2009, pas moins de 253 étudiants français, autant que ceux en échange Erasmus présents dans tout le pays…
Coût de la vie réduit
Si dans le cas de cette dernière université centrée sur la médecine, la sélection à la fin de la première année moins draconienne que dans bien des pays européens explique cet attrait, d’une manière générale, les étudiants sont attirés par le coût de la vie divisé par deux par rapport à la moyenne européenne. Un argument qui porte pour des étudiants dont les bourses Erasmus ne représentent que 150 euros par mois…
Toutefois les universités d’Europe centrale et orientale ne sont pas que des destinations low cost. Pour Lesley Wilson, directrice de l’EUA (association des universités européennes),
Sur bien des points, elles sont même en avance en matière d’enseignement : dès les années 90, elles ont du revoir de fond en comble leur programme. Elles ont été épaulées par des établissements déjà membres de l’UE ou américains avec lesquels elles ont ensuite signé des partenariats ambitieux.
En témoigne notamment la CEU (Central european university) de Budapest dont nombre de diplômes sont homologués par l’Etat de New York.
Depuis plusieurs années, des formations permettant aux étudiants d’acquérir un double diplôme (français et polonais ou allemand et tchèque par exemple) se sont, par ailleurs, développées. Le nombre de thèses en co-tutelle est lui aussi en progression. Une part des fonds structurels européens perçus par ces Etats sont, en outre, injectés dans la modernisation des équipements. Conscients du potentiel, la plupart de ces pays ont également lancé des cursus tout en anglais pour renforcer leur attractivité.
Offensive de charme
Dans cette offensive de charme, certaines universités n’hésitent pas non plus à solliciter les collectivités locales pour offrir des bourses aux étudiants étrangers ou faire appel à leurs partenaires industriels pour permettre aux étudiants de faire des stages afin de compléter leurs études. Sur ce terrain, l’Université de Brno, en République tchèque, est particulièrement active.
Forts de leur modernisation, quelques universités sortent du lot. Une poignée de formations (masters et doctorat) délivrés par une poignée d’établissements hongrois, polonais, tchèques et estoniens se sont glissés sur la liste des cursus les plus réputés du continent du classement des universités européennes publié en 2009 par le CHE, l’organisme allemand chargé d’effectuer ces comparatifs.
Cette bonne nouvelle apporte de l’eau au moulin de la ministre polonaise des sciences, Barbara Kudrycka, qui affirmait à l’automne 2009 que d'ici les 20 prochaines années, les meilleures universités polonaises seront dans le top 50 européen…