Le Parlement européen a proposé, mercredi 20 octobre, d’élargir le congé de maternité minimum dans l'Union européenne de 14 à 20 semaines intégralement rémunérées. La Commission européenne proposait de l'étendre à 18 semaines. Mais la plupart des Etats membres, dont la France, est contre.
Bonne nouvelle pour les futures mamans, et même les futurs papas, européens. Par 390 voix contre 192 (et 59 absentions), le Parlement européen a adopté une résolution en faveur de la prolongation du congé de maternité minimum de 14 à 20 semaines entièrement rémunérées. Une durée allant au-delà de la proposition de la Commission européenne qui proposait de l'étendre à 18 semaines. Le Parlement européen a également instauré le principe d'un congé paternité intégralement rémunéré d'au moins deux semaines au cours de la période de congé maternité.
Toutefois, cette volonté de prolonger le congé maternité ne deviendra pas réalité rapidement car la plupart des Etats membres, dont la France, est opposée essentiellement pour des raisons financières. Comme l’a observé la secrétaire d'Etat française à la Famille, Nadine Morano, cet allongement de la durée du congé maternité aurait un coût de 1,3 milliard d'euros par an pour la France. Et d’affirmer que "dans notre pays, on est dans la moyenne haute au niveau européen" avec 16 semaines de congé maternité, "plus ce qu'on appelle deux semaines de congé pathologique". L'eurodéputée conservatrice française Elisabeth Morin-Chartier a elle aussi dénoncé une position "démagogique et irresponsable" qui rendra "plus difficile le recrutement et le retour des jeunes femmes dans les entreprises".
Difficiles négociations en vue
Mais Paris n’est pas la seule capitale à vouloir contrer la décision du Parlement européen. Le gouvernement britannique estime également que ses dépenses en matière de congé maternité vont doubler à 4 milliards de livres sterling (de 2,2 à 4,5 milliards d'euros). Londres avance qu'actuellement 90% des Britanniques s'arrêtent déjà pendant 20 semaines, sans bénéficier d'aussi bonnes conditions. D’autres pays, comme l'Allemagne ou la Suède, qui appliquent déjà en plus du congé maternité minimal des dispositions particulièrement avantageuses de long congé parental, s’opposent aussi à cette nouvelle loi. Le patronat européen, Businesseurope, juge également que cette proposition coûtera cher "en particulier aux sociétés". Elle "rendra l'embauche de femmes plus complexe", a fait valoir son directeur général, Philippe de Buck.
Bref, le vote des eurodéputés marque le début d’un long marathon de difficiles négociations sur le sujet. Leur résolution ajoute que les travailleuses ne doivent pas être obligées de travailler la nuit ou ni d'effectuer des heures supplémentaires au cours des 10 semaines précédant l'accouchement, pendant le reste de leur grossesse en cas de problème de santé de la mère ou de l'enfant à naître, et pendant toute la durée de l'allaitement maternel.