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La crise impose sa loi aux armées française et britannique

mardi, 2 novembre, 2010 - 17:16

Réductions budgétaires obligent, les deux anciens frères ennemis ont signé à Londres, le 2 novembre, pas moins de 17 traités et accords de coopération militaire.

L’idée d’une coopération militaire poussée entre le Royaume-Uni et la France se concrétise. Encore inimaginable il y a quelques années, elle a été motivée par des facteurs financiers et géostratégiques. "La crise est un catalyseur de rapprochement" explique une source diplomatique française désirant demeurer anonyme.
C’était, soit la coopération avec le Royaume-Uni, soit la disparition de la scène internationale. Le processus a été facilité par le fait que nous avons tous deux un objectif d’intervention globale et que nos armées sont relativement complémentaires.

Hervé Morin, le ministre français de la Défense, n’a pas dit autre chose lorsqu’il s’est lamenté la semaine dernière à propos du fait que

face à l’indigence de leurs budgets de défense, les Européens glissent doucement vers un condominium sino-américain. Nous sommes en train de renoncer à être un acteur majeur de la scène internationale.

Ni Londres ni Paris ne veulent perdre leur aura et leur rôle international, un objectif qui passe par une indépendance militaire. "A nous deux, nous représentons 70% des dépenses en recherches et développement du militaire européen" poursuit le diplomate français.

C’est un secteur clé : sans matériels et technologies propres, nous serions obligés de dépendre de ceux des Etats-Unis, et du coup d’adopter leurs tactiques. Or, nous voulons préserver notre indépendance en la matière car nos armées ne visent pas les mêmes objectifs.

Souveraineté non-partagée

Londres étant lié par de nombreux contrats avec Washington au moins jusqu’en 2015, les grands changements en ce sens ne pourront intervenir avant cette date.

Concrètement, Hervé Morin dit réfléchir

à ce que nos porte-avions soient davantage interopérables (..), à la faisabilité de l’embarquement d’aéronefs britanniques sur notre propre porte-avions et vice-versa.

Notre analyste nous éclaire sur le sens de ces propos :

Il n’y aura pas de partage de souveraineté, donc pas de marins français sur un porte-avion britannique par exemple. Il en sera de même sur la question nucléaire, où chaque pays restera maître de ses décisions.

Malgré les critiques de certains médias britanniques au nom de la sacro-sainte souveraineté militaire, l’affaire est désormais entendue. Lors d’un sommet bilatéral, mardi 20 novembre à Londres, le président français Nicolas Sarkozy et le premier ministre britannique David Cameron ont signé un partenariat d'une ampleur inédite, sous forme de 17 traités et accords. Ils prévoient:

  • La création d'une force militaire conjointe de plusieurs milliers d'hommes, mobilisable pour des opérations extérieures bilatérales ou sous drapeaux de l'OTAN, de l'ONU ou de l'Union européenne. Un test grandeur nature se tiendra en juin 2011 dans l’Est de la France avec des opérations communes au niveau des brigades.
  • La réalisation d'un laboratoire d'essais nucléaires commun. Les deux pays simuleront à partir de 2014 le fonctionnement de leur arsenal nucléaire dans un même laboratoire, implanté près de Dijon. Parallèlement, un centre de recherche sera ouvert aux spécialistes des deux pays, dans le sud-est de l'Angleterre.
     

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