Jørgen Bache n'a pas tenu jusqu'à 65 ans : trop stressé par sa reconversion dans le journalisme internet. Mais depuis il vit heureux et améliore sa retraite avec des petits boulots.
"La meilleure décision que j’ai prise, c’était il y a 46 ans", s’amuse Jørgen Bache, âgé aujourd’hui de 69 ans. Lorsqu’il a ouvert un compte d’épargne en vue de ses vieux jours? Pas du tout. "Quand j’ai épousé ma femme!" Enseignante, elle perçoit depuis son départ en retraite une pension de fonctionnaire "tout à fait confortable".
Lui doit se contenter de 9000 couronnes danoises par mois (1200 €). Plus environ 300 € par mois parce qu’il a souscrit une retraite complémentaire. "J’aurais été idiot de ne pas le faire, puisque ce sont mes employeurs qui prenaient en charge la moitié des cotisations".
Professeur des écoles au début de sa carrière, Jørgen Bache a travaillé pendant de nombreuses années comme consultant auprès du ministère de l’Éducation à Copenhague. Il a écrit des livres et réalisé plusieurs films sur la drogue et l’alcool chez les jeunes. Puis, il a été embauché comme journaliste, par l’organisation DanAge, qui défend les droits des Danois de plus de 50 ans.
Jørgen Bache a pris sa retraite il y a cinq ans. "Je pensais rester jusqu’à 65 ans, mais je n’ai pas tenu", confie-t-il. Le stress. Il a été arrêté pendant quatre semaines, un peu après son 64ème anniversaire. Puis, il a pris un mois de vacances. Il est retourné travailler pendant trois mois, avant de jeter l’éponge. "Je préparais un magazine sur internet. Il y avait plein de codes à apprendre. Je me suis rendu compte que j’étais trop vieux".
Petits boulots
Au Danemark, l’âge légal de départ en retraite est fixé à 65 ans. Jørgen Bache est parti avec quelques mois d’avance. Mais sans pour autant renoncer à toute activité. Car dans le royaume scandinave, les retraités peuvent continuer à travailler, à condition de ne pas gagner plus de 4000 € par an, en plus de leur pension.
Maître-nageur quand il était plus jeune, Jørgen Bache s’est fait embaucher par la piscine de Humlebæk, où il vit, au nord de Copenhague. Occasionnellement, il joue aussi les modèles. "J’ai fait une campagne de publicité pour une banque danoise, qui voulait encourager les gens à épargner", rigole-t-il. Des petits boulots qui lui permettent d’arrondir les fins de mois.
Suppression des aides
Mais Jørgen Bache ne se plaint pas. Avec sa femme, ils sont propriétaires de leur maison. Ils voyagent. Ils étaient à Berlin en octobre. Lui donne des cours de kayak. Chaque matin, ils vont se baigner dans la Baltique. L’eau est à 7 degrés en ce moment. Une façon de "garder la santé", dit-il.
L’avenir ne l’inquiète pas trop, si ce n’est les coupes budgétaires qui affectent les aides aux personnes âgées. Sa sœur a le droit à une aide-ménagère. "Mais c’est de plus en plus difficile d’obtenir ce genre de services", assure-t-il.
Il regrette aussi que le gouvernement ait décidé de supprimer les tarifs préférentiels pour les retraités qui décidaient de suivre des cours. Il apprend l’Allemand. Sa femme, le Français. Jusqu’à présent, ils ne payaient que 40 € l’inscription annuelle. "Bientôt, ce sera dix fois plus. C’est bien dommage, parce que c’était un moyen de faire fonctionner le cerveau".