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Londres, Lisbonne… le feu de la contestation couve en Europe

jeudi, 11 novembre, 2010 - 11:22

Mercredi 10 novembre: les étudiants britanniques se sont transformés en casseurs au cœur de Londres. Samedi 6, les syndicats portugais ont répété dans les rues de Lisbonne la grève générale du 24 novembre.

Trente-cinq arrestations, quatorze blessés, la façade en verre de l’immeuble du bureau du parti conservateur fracassée, son rez-de-chaussée saccagé : la Grande-Bretagne réapprend les manifestations violentes.

Le pays n’avait pas connu un tel mouvement de colère, que ce soit par son ampleur – ils étaient environ 50.000 étudiants selon les premières estimations- que par son intensité, depuis le milieu des années 80, lors des derniers soubresauts de la grande grève des mineurs mâtée par le gouvernement de Margaret Thatcher.

Les débordements de jeudi paraissaient improbables et du coup difficilement prévisibles. Les principales fédérations syndicales avaient reporté leurs grandes manifestations au printemps, estimant sans doute qu’il faudrait quelques mois avant que les effets des coupes budgétaires du gouvernement ne commencent à prendre effet. L’arrivée de l’hiver était sans doute un motif supplémentaire pour repousser les tentatives de mobilisation de la population.

Frais universitaires : le coup de bambou

La décision annoncée la semaine dernière par le gouvernement de tripler le plafond des frais universitaires pour les étudiants britanniques de 3 290 livres sterling annuels à 9 000 livres sterling (3 800 euros à 10 500 euros) s’est finalement avérée de trop. Probablement motivés par les manifestations françaises, largement relayées par tous les médias britanniques, les étudiants anglais ont donc marché sur Westminster en nombre. Les organisateurs attendaient officiellement 20 000 personnes, ils étaient finalement plus de 1,5 fois plus.

Ce débordement violent risque pourtant de se retourner contre eux. Les condamnations unanimes des syndicats, qui parlent d’"idiots" ayant "pris en otage" leur manifestation pacifique, confirment que l’opinion publique britannique n’aime généralement guère ce genre de comportement. Il est donc fort probable que, loin de reculer, le Premier Ministre David Cameron, actuellement en voyage en Chine, confirmera le maintien de ses mesures.

Ses arguments sont déjà tout trouvés : il a été élu il y a six mois pour remettre le pays sur la voie de la santé économique et certains avantages doivent donc être sacrifiés pour le bien de la communauté. La casse d’hier n’aura donc peut-être pas de suite immédiate et la contestation anti-austérité pourrait s’éteindre. Du moins jusqu’au printemps.
 




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