Les démêlés anciens de l'ex-premier ministre avec la justice sont exacerbés -et exagérés- par les quotidiens tabloïds britanniques qui vont jusqu'à parler de "criminel". Sa nomination comme ministre de la défense intervient alors que les deux pays ont signé au début du mois un accord de coopération militaire rapprochée.
La nomination d’Alain Juppé à la défense n’est pas passée inaperçue outre-Manche. Les quotidiens britanniques "intellectuels" sont déjà habitués à ce fait typiquement français qu’une personne "suspendue de politique après sa condamnation pour corruption dans un scandale de financement illégal des partis politiques" puisse retrouver un rôle majeur, comme le rappelle The Guardian. Ils se sont donc plutôt concentrés sur le supposé affaiblissement de Nicolas Sarkozy.
En revanche, la presse populaire marque son étonnement. The Daily Mail, quotidien de gauche, annonce ainsi que
la France nomme son nouveau ministre de la défense – un criminel condamné et emprisonné pour détournement de fonds publics et interdit d’activité politique pendant dix ans.
Ce faisant, le quotidien déforme gravement la réalité puisque Alain Juppé ne saurait être considéré comme "criminel", qu'il n'a jamais été emprisonné et que sa peine d'inéligibilité de dix ans avait été ramenée à un an par la Cour d'appel. Reste qu'un tel retour est considéré comme totalement impossible en Grande-Bretagne où pareille condamnation signifierait un ban immédiat du monde politique.
De son côté, le quotidien gratuit Metro titre également qu’"un criminel français pourrait jouer un rôle majeur dans la défense britannique." Comme l’explique le journaliste,
les experts militaires questionnent le nouveau lien de la défense britannique avec la France après que le président Sarakozy a nommé un criminel condamné au poste de ministre de la défense.
L’affaire excite en effet d’autant plus la Grande-Bretagne que les deux pays ont signé au début du mois de novembre un accord renforçant sensiblement leur coopération militaire. Les armées britanniques et françaises partageront leurs opérations et collaboreront étroitement dans le domaine nucléaire.
Métro cite ainsi l’un des parlementaires conservateurs réticents à ce projet, le colonel de l’armée britannique Patrick Mercer:
Cela apporte une autre perspective à notre coopération avec les Français. Elle semblait déjà frêle à son commencement et cela n’est guère encourageant.
Les commentaires sur le web ne se privent ainsi pas de se moquer de "la vision qu’à la France de sa propre défense", "de cette farce" et certains se demandent pourquoi "il n’a pas été banni à vie ?". Le ministère britannique de la défense est visiblement embarrassé puisqu’il a refusé de commenter la nomination d’Alain Juppé. Ce qui est certain, c'est que le "french bashing" fait toujours recette outre-Manche…