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Le château de carte de la dette européenne

lundi, 22 novembre, 2010 - 23:52

L’Irlande a officiellement demandé l’assistance financière de l’Union Européenne et du FMI pour assainir son système bancaire. Problème: tous les pays et toutes les banques détiennent des créances croisées. Un château de cartes qui risque de s'écrouler.

"Je te tiens, tu me tiens par la barbichette… " L’air est bien connu. Les membres de l’UE se tiennent par la barbichette, et surtout par la dette, mais personne ne rit. Le porte-parole du gouvernement allemand s’en est d’ailleurs inquiété :

Il y a des indications laissant entrevoir que des banques allemandes pourraient être affectées par les problèmes irlandais.

En acceptant de sauver l’Irlande, comme ils s’y sont engagés lundi, les ministres des finances de l’UE souhaitent garantir la stabilité de la zone euro. Ils pensent également à leurs propres finances et intérêts nationaux.

Le "web de la dette européenne" publié au printemps 2010 par le New York Times (que nous avons actualisé ci-dessus à partir des chiffres de la banque des règlements internationaux) fait apparaître ces interactions très fortes existant entre les institutions bancaires et financières européennes. Et donc le risque de contagion.

Exemple : l’Irlande, au bord du gouffre financier, avec un déficit public abyssal (32% du PIB en 2010) doit 22 milliards de dollars au Portugal, présenté comme le pays le plus fragile de la zone euro. Un "collapsus" irlandais serait une très mauvaise nouvelle pour le Portugal… Mais pas seulement. Selon la Banque des règlements internationaux, l'Irlande doit également 86 milliards à la France, 206 à l’Allemagne et même 222 à la Grande-Bretagne.

Les grands pays ont donc beaucoup à perdre d’une crise financière affectant l’un des "PIGS" (Portugal, Ireland, Greece, Spain) ou des "PIIGS" (les mêmes plus l’Italie). Sur les quelques 3.900 milliards de dollars d’endettement extérieur de ces cinq pays, les banques françaises sont de loin les plus engagées (plus de 900 milliards, soit 23% du total), devant les banques allemandes (700 milliards) et les banques britanniques (400 milliards). Il est vrai que si l’on retranche l’Italie de la liste (un pays fort endetté mais relativement solide), les établissements financiers hexagonaux sont cette fois légèrement devancés par les Allemands (490 contre 520 milliards).

Sur l’Irlande, les banques françaises sont beaucoup moins engagées que leurs homologues britanniques ou allemandes (85 milliards contre 222 et 205). Elles le sont en revanche davantage au Portugal et en Espagne, comme elles l’étaient déjà en Grèce.




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