À la veille du Clásico qui oppose FC Barcelone au Real Madrid, la tension est à son comble entre les deux célébrissimes clubs espagnols qui s'accaparent l'essentiel de droits télé. Lésées, les quarante autres équipes de 1ère et 2ème division tapent du poing sur la table. La fronde est menée par le FC Séville.
Le FC Barcelona et le Real Madrid sont les deux rouleaux compresseurs qui écrasent les autres clubs espagnols. Leurs derniers résultats en témoignent : les "madridistas" ont battu à domicile le club de Bilbao 5-1 dimanche dernier ; en même temps, Almeria succombait sur son terrain au pouvoir du tiki-taka des "barcelonistas" (0-8).
Ces deux clubs ont remporté à eux seuls 80% des titres du championnat espagnol des vingt dernières saisons! "Une hégémonie indécente" estime José María del Nido, président du FC Séville. Il s'avoue "jaloux" de la Premier League anglaise, "où Manchester United bat la lanterne rouge d’un simple 2-0, Chelsea tombe 1-0 face à l’avant dernier au classement et le Tottenham dompte Arsenal à domicile".
David contre Goliath
"Laissons le Barça et le Real Madrid jouer leur ligue à eux seuls, pendant que le reste des clubs organisent ensemble une autre ligue beaucoup plus juste et équitable ! ", menace Del Nido. "Là on verrait bien que pour les télés cela ne serait plus rentable du tout. Ces deux équipes, sans les dix-huit autres, n’intéressent personne". À la tête d’une coalition formée par 12 autres clubs, il menace de scinder la Liga en deux, si dans les prochains mois, les deux grands n’acceptent pas un accord pour distribuer de façon plus équitable les droits de retransmission TV des matchs du championnat national.
En Espagne les droits télé sont négociés au cas par cas ce qui favorise les deux mastodontes qui concentrent jusqu’en 2014 quasiment 80% des 2,6 milliards d’euros payés par les chaînes. Face à cette révolte de la "classe moyenne" du foot espagnol pour changer la donne, le Barça et le Real Madrid ont proposé un nouveau système de distribution à partir de 2015. Celui-ci consisterait à réserver 34% des droits pour le Barça et le Real Madrid, 11% pour Valencia et Atletico de Madrid, puis 45% pour les dix-huit autres clubs en première division. Les 22 clubs de la deuxième division empocheraient les 10% restants.
"Pas question !", rétorquent les clubs rebelles qui préfèrent les systèmes qui existent dans le reste de l’Europe et notamment en Allemagne, en Angleterre et en France. Pour eux, il est urgent d’établir une répartition constante : 50% à parts égales entre les 44 clubs, 25% en fonction des recettes TV en mode pay per view, puis 25% en fonction du classement de l’année précédente et du classement historique. Pour l’instant, c’est l’option proposée par le Barça et le Real qui tient la corde, mais les responsables du FC Séville menacent de saisir les autorités européennes de la Concurrence.
Barça et Réal Madrid empochent chaque année 140 millions d'euros via les télés, tandis que le dernier classifié de la ligue se contente de 12 millions et la moyenne se situe à 17 millions. Du simple au décuple !
LIGUE 1 : du simple au triple
En France, les trois principaux clubs des derniers temps – OM, Bordeaux et OL – ont perçu cette année 50, 45 et 45 millions d’euros, respectivement. Les trois équipes en queue de peloton de la Ligue 1 ont quand même touché près de 15 millions d’euros, la moyenne des vingt clubs se situant à 25 millions d’euros.
BUNDESLIGA : du simple au double
Pour la même année, le champion allemand, le Bayern du Munich, a eu droit à une enveloppe de 28 millions d’euros, alors que la fourchette des sept suivants au classement oscille entre 25 et 22 millions d’euros. Le dernier obtient 13 millions pour une moyenne générale de 21 millions d’euros.
PREMIER LEAGUE : la plus équitable
En Angleterre, alors que la moyenne se situe à 45 millions d’euros, le club le plus modeste – en l’occurrence le Middlesbrough – a eu droit à une enveloppe de 34 millions, soit plus de la moitié que les trois grands – Manchester United, Liverpool et Chelsea – qui doivent se "contenter" de, respectivement, 58, 56 et 55 millions chacun.