Les élèves français de 15 ans ont un niveau scolaire très moyen et les inégalités scolaires selon le milieu social augmentent, selon l'étude PISA de l'OCDE. La Finlande reste le bon élève de la classe européenne et les élèves allemands et portugais s'améliorent.
Lecture : dans la moyenne, peut mieux faire. Mathématiques : dans la moyenne, peut mieux faire. Sciences : tout juste dans la moyenne, peut vraiment mieux faire. Voici le bulletin des élèves français de 15 ans, tel qu'il est révélé par l'étude PISA de l'OCDE. Des résultats pas vraiment reluisants, d'autant que le niveau des petits français stagne. A l'inverse, des pays comme l'Allemagne ou le Portugal, classés derrière la France en 2000 (date de la première étude PISA), ont connus des améliorations significatives en se donnant plus de moyens ou en réformant leur système. Selon les critères et les disciplines, la France se situe entre la 20ème et la 30ème place. Le plus souvent derrière l'Allemagne, la Belgique ou les pays scandinaves. Le plus souvent aussi, devant l'Espagne, l'Italie ou la Grèce.
L'enquête 2009 porte sur 65 pays, les 34 membres de l'Organisation de coopération et de développement économique et 31 pays ou économies partenaires. Au total, 520 000 élèves de 15 ans ont passés des tests. Les classements sont établis en fonctions des performances en mathématiques, en sciences et surtout, cette année, en lecture. Cette quatrième livraison de l'étude PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves) permet en outre de comparer les améliorations enregistrées depuis 2000.
En tête : la Finlande, la Corée et… la Chine
Deux enseignements majeurs sont à souligner :
- Il est possible de faire progresser significativement un système d'éducation en 10 ans seulement.
- "Il existe certes toujours un lien entre le revenu national et les résultats scolaires, mais le Programme PISA nous apprend que deux pays ayant des niveaux de prospérité comparables peuvent afficher des performances très différentes, explique le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurria. Ce qui montre bien que l’image d’un monde nettement divisé entre pays riches ayant un bon niveau d’éducation et pays pauvres se caractérisant par un faible niveau d’éducation est désormais dépassée."
La preuve ? Comme par le passé, la Finlande et la Corée du sud affichent de très bonnes performances. Mais, plusieurs territoires chinois (Shanghai, Hong-Kong et Macao) enregistrent également des résultats impressionnants. La province de Shanghai, qui a pris part pour la première fois à l’évaluation, a obtenu des notes supérieures à celles de tous les autres pays en compréhension de l’écrit. Plus d’un quart des jeunes de 15 ans de Shanghai ont fait preuve d’une capacité de réflexion mathématique poussée pour résoudre des problèmes complexes, contre 3 % en moyenne en ce qui concerne l’ensemble de la zone OCDE.
Un système injuste en France
Avec des résultats juste dans la moyenne en compréhension de l'écrit et en chute libre en mathématiques, la France a raté son PISA 2009. L'étude montre aussi et surtout un système injuste, où l'école ne remplit pas son rôle d'ascenseur social. Revue de détail des bons et mauvais points.
- Les performances scoplaires sont fortement liées à leur milieu socio-économique. Ce facteur explique 28% de la variation de la performance des élèves, contre 22% en moyenne dans l’OCDE. A titre de comparaison, ce pourcentage est inférieur à 18% en Islande, en Israël, au Canada, en Corée et en Estonie.
- Le système éducatif français se caractérise, selon l'étude PISA, par "une proportion d’élèves performants en France au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE combinée à une proportion d’élèves en très grande difficulté scolaire elle aussi au-dessus de la moyenne". "Il y a de plus en plus d'élèves en échec scolaire, les inégalités se sont creusées. C'est un signal d'alarme pour la France qui avait déjà été tiré par l'OCDE en 2006 et qui l'est de nouveau", commente Eric Charbonnier, expert éducation à l'Organisation (cité par l'AFP).
- En "compréhension de l'écrit", la France se situe dans la moyenne des pays de l'OCDE et son résultat est sensiblement identique à celui obtenu en 2000. Par contre, la proportion des élèves les moins performants a augmenté de 5% et l'écart entre les sexes s'est creusé, passant de 29 à 40 points – en faveur des filles. Le pourcentage d’élèves les plus performants a, lui, légèrement augmenté en 2009 (9.6%) par rapport à 2000 (8.5%)
- Comme en "compréhension de l’écrit", la France se situe dans la moyenne des pays de l’OCDE en "culture mathématique". Cependant, les performances des élèves français dans ce domaine ont diminué de 14 points entre 2003 et 2009. Classée jusque-là parmi les "bons", la France rejoint le groupe des "moyens". La proportion de "bons élèves" ne baisse pas, en revanche, ceux qui ont des difficultés sont passés de 16,5% à 22,5%. Ce n'est pas une surprise! Deux études du ministère de l'Education nationale (réalisées en 2008 auprès de 8 000 élèves) révèlent que plus de 40% des écoliers et des collégiens ont des compétences fragiles en mathématiques. Avec des disparités très fortes selon les établissements et l'origine sociale
- Les élèves issus de l'immigration ont plus de difficultés. Ceux de la première génération ont deux fois plus de risque de compter parmi les élèves "peu performants". Cette inégalité est commune aux autres pays étudiés, mais elle est particulièrement forte en France. L'écart entre les élèves immigrés de la première génération et les autres est de 79 points – soit l’équivalent de plus d’une année d’études – contre 52 points en moyenne dans l'OCDE.
Ces constats, pour le moins alarmants, n'ont rien d'inéluctables. C'est la vertu des études PISA que de permettre les comparaisons internationales sur la durée. Or, l'OCDE remarque que "l’égalité des chances dans l’éducation est possible même lorsque le milieu socio-économique des élèves varie fortement". Encore faut-il savoir se remettre en cause, comme a pu le faire l'Allemagne, qui avait très mal vécu son (mauvais) classement en 2000. Les comparaisons revèlent par exemple que la France gagnerait à faire du soutien plus individualisé dans les écoles, à réduire les redoublements ou à favoriser la scolarisation précoce.
Myeurop reviendra très bientôt sur les réformes et/ou les expériences innovantes qui ont permis à des pays comme l'Allemagne, le Portugal, la Hongrie ou la Pologne de gagner des places au classement PISA. En attendant, voici quatre pistes relevées par l'OCDE :
- Dans tous les pays, les élèves qui prennent le plus plaisir à lire devancent largement les élèves qui en prennent le moins.
- Plus les élèves sont orientés tôt, vers des filières spécialisées, plus l’écart de performance des élèves de 15 ans se creuse en fonction du milieu socio-économique, sans amélioration globale de la performance.
- Les systèmes d’éducation les plus performants accordent une plus grande autonomie aux établissements dans l’élaboration des programmes et des politiques d’évaluation.
- Pour faire progresser la performance des élèves, améliorer la qualité de l’enseignement est une stratégie plus probante que diminuer la taille des classes.
La réforme de la formation des enseignants français (entrée en vigueur cette rentrée), qui permet de lancer les jeunes professeurs dans le grand bain sans aucune expérience de l'enseignement ne semble pas exactement la voie à suivre.