Bolloré a remporté le contrat Autolib'. 3 000 voitures électriques Bluecar devraient être mises en libre service dans Paris et sa banlieue. Un pari risqué pour une voiture expérimentale. Paris est loin d'être la première ville a miser sur l'auto-partage.
Noël approche, l'heure est au partage. Au partage de voitures. Mais, c'est l'industriel breton Bolloré qui vient de s'offrir un beau cadeau et une vitrine de choix en étant retenu pour le projet Autolib' de voitures électriques en libre-service à Paris.
J'espère que ce sera une révolution efficace, qui améliorera notre qualité de vie et peut être les relations entre les citadins. Si la métropole parisienne inspire d'autres métropoles mondiales c'est une ambition qu'il ne faut pas refuser,
a déclaré Bertrand Delanoé, le maire de Paris, qui avait fait de ce projet une des mesures phare de son second mandat. "Une première mondiale", affirme Bolloré. Des dispositifs semblables existent pourtant déjà dans d'autres villes françaises, mais aussi aux Pays-Bas, en Allemagne ou aux États-Unis.
Autolib', comment ça va marcher ?
A l'instar du Velib', les usagers pourront, à partir du troisième trimestre 2011, prendre un véhicule à un endroit, le conduire pendant quelques dizaines de minutes, ou quelques heures, puis le rendre dans une station différente. Paris ne sera pas la seule ville à profiter du service Autolib'.
Au total, quelque 3.000 véhicules seront mis à disposition des utilisateurs dans la capitale et une quarantaine de villes d'Ile-de-France – dont Arcueil, Bagnolet, Boulogne-Billancourt, Créteil, Montrouge, Nanterre, Sceaux, Meudon, Vanves ou encore Issy-les-Moulineaux.
Les abonnements coûteront 12 euros par mois et cinq euros pour la première demi-heure d'utilisation. D'après le contrat passé avec Bolloré, 800 agents d'accueil doivent être déployés sur le terrain pour aider les nouveaux utilisateurs.
Qui va payer ?
D'après le cahier des charges, les coûts d'investissement sont estimés à 200 millions d'euros, les coûts de fonctionnement à 80 millions par an et les recettes commerciales à 95 millions. Paris subventionnera le dispositif à hauteur de 35 millions d'euros : le budget 2011 prévoit déjà 15 millions en crédits de paiement. Et les communes participantes – dont le nombre initial de 37 – rajouteront 50.000 euros par station.
Une "première mondiale" ?
En un sens, oui, ce sera une première. Une première technologique et un pari risqué pour la ville de Paris et surtout pour Bolloré : le modèle retenu, la Bluecar, n'a encore jamais roulé pour de vrai. D'autant plus que le groupe italien Pininfarina, qui devait en assurer la production, s'est désisté du projet en novembre dernier.
Cette voiture électrique est équipée d'une technologie lithium-métal-polymère. Tous les autres constructeurs ont équipé leurs voitures électriques de batteries lithium-ion. C'est le cas de la Peugeot iOn ou de la Smart Fortwo en version électrique que proposaient respectivement d'utiliser le groupement RATP-SNCF-Vinci-Avis et Véolia – les concurrents de Bolloré pour l'appel d'offre parisien.
Quoiqu'en disent les initiateurs du projet, Autolib' n'est surement pas le premier projet de ce type. Toutefois, la plupart des systèmes d'auto-partage qui existent en France fonctionnent avec des voitures à essence et non des voitures électriques.
La Rochelle a été une ville pionnière en matière d'écologie urbaine. Elle a lancé les premiers vélos en libre-service en 1974 et les premières voitures électriques en 1995. Aujourd'hui, la ville dispose d'un parc automobile de 50 voitures avec 7 stations. Une carte unique de transport public (Yelo) permet de combiner plusieurs modes de transport (voiture électrique, tram-train, bus, bateau, vélo, taxi…).
La plupart des grandes villes françaises s'attachent à promouvoir une utilisation combinée de différents moyens de transport.
Bordeaux, par exemple, pratique actuellement la voiture (à essence) en libre-service. Une même personne peut emprunter l'une des trois lignes de tramway puis finir son trajet à vélo et avoir recours à la voiture pour de petits parcours en dehors de la ville.
Lyon a lancé en 2003 le concept "Autolib" système de voitures (à essence) en libre-service ou "autopartage" passé en 2008 "à la phase industrielle" avec un parc de 70 voitures et 22 stations.
A Lille, un service d'auto-partage (voitures à essence) a été lancé en 2007 dont l'objectif principal était de réduire les encombrements dans la ville.
Lundi 29 novembre, Christian Estrosi, le maire UMP de Nice s’est targué de coiffer sur le poteau la Ville de Paris dans l’annonce de son système de voitures électriques en auto-partage. Le 30 mars 2011, une cinquantaine de véhicules électriques seront répartis sur dix-sept sites, dont quinze à Nice, un à Saint-Laurent-du-Var et un à Cagnes-sur-Mer.
Les Azuréens pourront utiliser un véhicule, en le ramenant à la station où ils l’ont emprunté, pour une heure ou une journée, au tarif de 8 euros par heure sans abonnement ou de 5 euros avec abonnement. Les voitures proposées à l’auto-partage seront des Peugeot Ion ainsi qu’une petite flotte de Citroën Berlingo.
L'auto-partage, une idée déjà ancienne
Le concept de voiture en libre-service existe aux Pays-Bas depuis 1995. Les véhicules sont disséminés sur 1.100 places de parking dans 75 villes du pays et 80 gares. Dans les grandes villes comme Amsterdam ou La Haye, on trouve ces emplacements tous les 400 mètres.
L'auto-partage existe également en Suisse et en Allemagne depuis plus d'une vingtaine d'années.
Aux États-Unis, la voiture à louer en libre-service roule depuis plus de dix ans avec la "Zipcar". A Washington, plusieurs centaines de voitures sont stationnées aux quatre coins de la ville. Depuis 2006, la Zipcar est également disponible à Londres et la société du même nom n'exclut pas d'investir les rues d'autres capitales européennes.
Il n'est même pas sûr qu'Autolib' soit aussi performant que les systèmes existant ailleurs. Il faudrait 220.000 abonnés pour que le projet soit rentable, soit donc un véhicule pour 75 abonnés.
Dans tous les systèmes d'auto-partage au monde on est dans un rapport de 1 véhicule pour 10 abonnés.
C'est Denis Baupin, l'adjoint au maire de Paris chargé de l'environnement, qui le dit ! Dont acte.