La Hongrie rejette les critiques contre sa très controversée loi sur les médias, et s'en prend tout particulièrement à la France. Viktor Orban assure que sa loi sera modifiée si l'UE le réclame. Et surtout si les autres pays européens modifient la leur.
L’Allemagne avait été la première à réagir en décembre en condamnant sévèrement la nouvelle loi hongroise sur les médias. La Commission a émis des "doutes" en début de semaine, avant que la France ne réagisse plus fermement. Le Premier Ministre hongrois Viktor Orban a jugé ce matin "prématurées" les prises de position françaises et allemandes , qualifiant les critiques à son encontre "d’inutiles". Alors que la Hongrie occupe la présidence tournante de l'UE depuis début janvier, Orban ne s'est pas géné pour attaquer Paris sur son propre terrain.
Je ne me souviens pas que la Hongrie ait jamais critiqué la loi française sur les médias [la nomination par le gouvernement du président de la télévisioin publique, ndlr]. Et je n'ai jamais dit qu'il s'agissait d'une loi anti-démocratique, a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement hongrois a dit attendre les décisions de la Commission européenne, plus à même de juger de la conformité d’une législation nationale avec les règles de l’UE.
La Hongrie acceptera toute procédure entamée par l'UE. Mais si ce passage de la loi hongroise sur les médias est amendé, alors les lois sur les médias en France, en Allemagne et au Danemark devront également être modifiées, puisqu'il n'y a rien dans notre législation qui ne soit dans leurs lois sur les médias.
"Il ne s'agit pas de donner des leçons à qui que ce soit"
Le porte-parole du gouvernement français, François Barouin, avait demandé mardi une modification de la loi, jugée anti-démocratique et liberticide par ses détracteurs. Quelques heures après la réaction hongroise, le Ministre des Affaires Européennes Laurent Wauquiez a tenté de relativiser la position française. Allant dans le sens des propos tenus par Viktor Orban, il a ajouté attendre les conclusions de la Commission, chargée d’examiner le texte avec la Hongrie de manière "sérieuse" et "objective".
Et les médias hongrois dans tout ça ?
Les grands oubliés de ce débat semblent paradoxalement être les plus concernés. La presse hongroise avait pourtant été la première à manifester son opposition aux mesures restrictives mises en place par la nouvelle loi. Mais, tant du côté d’Orban que des pays membres, personne n’y fait référence. Sous couvert d’une critique déplacée de la France et de l’Allemagne donneuses de leçon, Viktor Orban passe habilement sous silence la contestation qui monte dans son pays.