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ETA: un nouveau cessez-le-feu pour rien ?

lundi, 10 janvier, 2011 - 18:15

L'organisation terroriste basque ETA, moribonde, tente de négocier un nouveau cesser-le-feu avec Madrid. Elle propose pour la première fois un arrêt permanent de la violence vérifié par des observateurs étrangers. Le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero reste officiellement toujours de marbre.

"Ce n’est pas une mauvaise nouvelle, mais ce n’est pas La Nouvelle", a déclaré hier Alfredo Pérez Rubalcaba en insistant sur les majuscules, après le communiqué de l’ETA annonçant "un cessez-le-feu permanent". Le vice premier ministre et ministre de l’Intérieur espagnol a exprimé ainsi sa déception. Le Gouvernement et la plupart des forces politiques légales du pays attendaient un cessez-le-feu "définitif ", or l’ETA s’est contenté d’un arrêt de la violence "permanent et de caractère général qui peut être vérifié par la communauté internationale".

L’organisation terroriste mentionne néanmoins un "processus de solution définitive" et "la fin de la confrontation armée". Insuffisant, pour le Gouvernement : "Nous nous trouvons face à une ETA avec les prétentions de toujours", a déploré Pérez Rubalcaba.

Début septembre 2010, l’ETA, qui est responsable de la mort de plus de 800 personnes en cinquante ans, avait déjà annoncé un "arrêt des actions armées offensives". L’ensemble de la classe politique du pays avait rejeté cette déclaration, la jugeant largement insuffisante.
Chaque mot compte en effet, alors que les velléités de paix du groupe terroriste ont perdu toute crédibilité depuis la fin du dialogue entre le Gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero et l’ETA en 2006.

Ce processus avait été brutalement interrompu par l’attentat de décembre 2006 qui avait causé deux morts dans l’aéroport de Madrid. L’ETA avait, en fait, fait miroiter un processus de paix définitive pour pouvoir se réorganiser tout au long de l’année 2006.

Conforme aux souhaits de Desmond Tutu

L’Espagne attendait depuis plusieurs semaines un communiqué de l’organisation terroriste promis pour les vacances de Noël. Il est arrivé avec quelques jours de retard, quarante-huit heures après une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Bilbao en faveur des droits des anciens membres de l’ETA emprisonnés hors du Pays Basque.

L’attente était d’autant plus forte que l’ETA, moribonde de l’avis de tous, subit des pressions de toutes parts depuis près d’un an. En mars 2010, des personnalités reconnues à niveau international, dont plusieurs prix Nobel de la paix comme Desmond Tutu (Afrique du Sud) ou John Hume (Irlande), avaient signé la déclaration de Bruxelles par laquelle elles demandaient à l’ETA de déclarer un cessez le feu "permanent et vérifiable ", ce que l'organisation terroriste vient de faire. Par la suite, le 25 septembre 2010, les représentants de la gauche Abertzale, comme on appelle les partis d’obédience marxiste nationaliste basque, avaient rendu publique la "Déclaration de Guernica", dans laquelle ils formulaient la même demande.

La Gauche Abertzale souhaite à tout prix participer aux prochaines élections municipales qui auront lieu en mai de cette année. Pour cela, ses représentants ont promis qu’ils respecteraient la "loi des Partis" en rejetant l’usage de la violence. Toutefois, Alfredo Pérez Rubalcaba rappelait lundi que

l’illégale Batasuna (formation de la gauche Abertzale, ndlr) a deux options pour revenir à la vie politique : ou l’ETA abandonne la violence de façon irréversible et définitive, ou Batasuna rejette de façon irréfutable sa relation avec l’ETA.

Pour cela, la gauche Abertzale attendait que l’ETA fasse aujourd’hui une annonce suffisamment forte pour lui ouvrir la voie des élections. Compte tenu de la réaction des forces politiques légales, il est peu probable que les partis de cette mouvance puissent se présenter. Pourtant, il est possible que ces organisations tentent de participer en créant de nouveaux partis.
 




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