Conséquence des multiples scandales d’abus sexuels qui ont sali l’institution catholique en 2010, des milliers de fidèles autrichiens, allemands et belges se détachent de leurs Eglises.
"Depuis l'époque nazie, nous n'avons pas vu autant de gens quitter l'Eglise, analyse l’archevêque de Vienne. J'en compte environ 80.000 pour l'année 2010". En dressant, mardi dernier, le bilan de l’Eglise d’Autriche, Mgr Christoph Schönborn était même optimiste. Les diocèses autrichiens confessent la perte de 87 000 paroissiens en 2010.
Cette crise de confiance des fidèles, au grand dam de l’Eglise catholique, n’est pas propre à l’Autriche. En décembre dernier, sa voisine Allemande relevait qu’à l’ouest et au sud du pays – régions à forte majorité catholique – des dizaines de milliers d’adeptes avaient déserté les bancs de l’Eglise. La palme revient au diocèse de Stuttgart Rothenburg qui déplore le départ de près de 17 000 fidèles en fin d’année, selon le journal allemand Frankfurter Rundschau.
La Belgique, quant à elle, fait face à un autre phénomène : de plus en plus de Belges demandent leur radiation des registres du baptême. Pays réputé catholique (60% les Belges sont baptisés selon l’Eglise), la Belgique a enregistré 1.700 demandes de dossiers de "débaptisation" en 2010, contre 66 en 2008 et 380 en 2009, selon l’association des "Amis de la morale laïque" qui gère ce genre de procédures.
2010, l’année des scandales en série
2010 est une année noire pour les Eglises d’Europe. Ce sont les révélations de scandales d’abus sexuels à répétition qui ont eu raison de la foi de certains fidèles. En mars-avril 2010, les institutions catholiques d’Autriche, d'Allemagne, des Pays Bas ou encore d’Irlande ont eu leur lot de d’accusations pédophiles embarrassantes. A l’image des 174 cas d’abus sexuels et de maltraitance sur mineurs à l’encontre des religieux, reportés en Autriche.
Ces cas, datant pour certains des années 1960-70, ont été mis au jour en partie grâce à l’élan de plusieurs associations de victimes, en guerre juridique contre les abus de l’Eglise. Ces révélations très médiatisées – chacune en entraînant sans cesse une nouvelle – ont rapidement plongé l’Eglise dans la tourmente.
L'Eglise : capable de transparence?
Malgré les attaques de tous bords, l’Eglise n’avait alors émis qu’une timide réaction à– le porte-parole du Vatican, Frederico Lombardi avait déclaré en mars que "les erreurs commises dans les institutions" étaient "particulièrement répréhensibles". Mais depuis, l’Eglise catholique veut passer à l’action. Le Vatican a présenté en juillet dernier un document intitulé "normes sur les délits les plus grave".
Parmi les principales directives :
- Un durcissement des règles au sein du clergé.
- La mise en place "de procédures accélérées pour régler les cas les plus urgents et graves".
- Un délai de prescription des faits passant de 10 à 20 ans après l'accession à la majorité de la victime.
- L'assimilation des abus sexuels sur des handicapés mentaux à la pédophilie.
Enfin, l’Eglise a mis en place des commissions d’enquêtes à but "pastoral". Commissions toutefois critiquées par certaines victimes, jugeant l’Eglise incapable de transparence dans ce domaine. D’autres commissions d’enquête ont parallèlement été créées par les gouvernements ou les Parlements de certains Etats européens.
Toutes ces structures d’investigation ne remplacent en aucun cas les instances judiciaires chargées des plaintes. Elles ont en revanche toutes le même objectif : faire la lumière sur ces tous ces drames pédophiles et mettre fin à la série noire.
Actualisé le 12/01 à 17h10