La Commission européenne a diffusé en septembre un agenda qui mentionne plusieurs fêtes religieuses juives, musulmanes ou chinoises, mais aucune fête chrétienne. Bruxelles a reconnu une "bourde". Le ministre français aux Affaires européennes, Laurent Wauquiez, dénonce un "agenda (qui) reflète une incapacité de l’Europe à assumer (…) son identité profonde".
La Saint-Valentin tombe le 14 février, Halloween le 31 octobre et la Fête de l'Europe le 9 mai. A première vue, rien de bien surprenant dans l'agenda envoyé depuis sept ans par la Commission européenne à trois millions d'élèves du secondaire (dont 320 000 environ en France). La page du 24 décembre, est plus étonnante : on y peut lire que "le premier sapin de Noël public a été “érigé” sur la place centrale de Tallinn (capitale de l'Estonie) en 1441". Pas trace, par contre, de la fête religieuse chrétienne qui est célébrée le lendemain. Dans la version française, Pâques, la Pentecôte et l’Ascension ne sont pas citées non plus.
Il y a beaucoup de fêtes religieuses qui sont mentionnées, ce n’était pas obligatoire. Des fêtes hindoues, des fêtes chinoises, musulmanes et aucune fête chrétienne. A quoi ca rime? On a honte de notre identité chrétienne? On a honte que l’Europe des clochers a été constitutive de notre identité européenne?,
s'est offusqué hier le ministre français aux Affaires européennes, rapporte l'AFP.
Laurent Wauquiez réagissait hier, après avoir reçu une lettre (également envoyé à la Commission) de Christine Boutin, la présidente du Parti Chrétien Démocrate, qui qualifie cet agenda de "de discrimination inacceptable".
Effectivement, à la lecture du fameux agenda, on apprend que le Ramadan commence le 11 août, et que la fête des Lumières – célébrée par les sikhs et les hindous – sera célébrée le 5 novembre prochain.
"Dans cet agenda, on parle de beaucoup de choses sauf de notre identité européenne, continue Laurent Wauquiez.
On parle de Gandhi, de la découverte de la tomate au Pérou ou de l’Antarctique, mais on ne parle pas de ce qu’est l’identité européenne. L'Europe, ce n’est pas une coquille creuse, c’est une communauté de valeurs, de grands personnages de l’Histoire, de grandes dates. Assumons cette identité,
a-t-il demandé.
Des messes célébrées dans le Parlement européen
Le "coup de gueule" du ministre français arrive pourtant un peu tard. La Commission européenne avait reconnu "une bourde" en décembre, et présenté ses excuses. "Les auteurs sont partis du principe que tous les enfants européens connaissaient Noël", plaide Frédéric Vincent, son porte-parole, précisant qu'une lettre "reconnaissant l'erreur" serait bientôt envoyée aux proviseurs concernés. Une page rectificative, listant les jours fériés nationaux, pourra être glissée dans les manuels.
Laurent Wauquiez, qui ne demande pas le retrait des agendas, prend un certain plaisir à tirer sur l'ambulance bruxelloise. Il soulève cependant, malgré lui, le problème de l'absence de textes, au niveau européen, instituant, comme en France, une séparation des églises et des institutions communautaires. La preuve : un office religieux a été célébré au sein même du Parlement européen le 3 mars dernier. "Ce jour là, écrit Jean-Luc Mélenchon, tous les députés européens ont reçu une invitation à une "Sainte Messe Catholique" se déroulant dans l'enceinte du Parlement chaque mercredi dans une "salle de méditation" où trône un crucifix !"