Bien que perdants de la première élection législative partielle depuis l’élection générale, les libéraux-démocrates sortent comme les grands vainqueurs du scrutin, aux dépens des conservateurs, leurs alliés au sein du gouvernement.
Le premier test électoral de la coalition risque de provoquer un petit séisme du côté de Downing Street. La victoire du parti travailliste dans la circonscription d’Oldham East, qu’il détient depuis 1997, était anticipée. Le maintien du parti libéral-démocrate, qui est même parvenu à améliorer sa part des votes de 31,6% à 31,9%, et surtout l’effondrement du parti conservateur (de 26,4% à 12,8% des votes) n’étaient en revanche pas attendus. Ou en tout cas pas dans cet ordre.
Les Lib-dem grands vainqueurs
Depuis plusieurs mois, les libéraux-démocrates s’écroulent en effet dans les sondages d’opinion. Le parti mené par Nick Clegg semblait à la limite de la disparition avec des intentions de votes au plus bas depuis vingt ans. Par conséquence, leur influence au sein de la coalition gouvernementale a décru, comme l’ont prouvé les décisions de tripler les frais d’inscription universitaires et de laisser la main libre aux banques en matière de bonus, deux domaines qu’ils défendaient jusqu’alors becs et ongles.
Cette élection pourrait inverser la tendance. Certes, Nick Clegg s’est rendu trois fois dans la banlieue de Manchester, un effort qu’il ne pourra pas reproduire à chaque scrutin. Il a néanmoins démontré que le lib-dem n’était pas mort et qu’il n’avait finalement pas tant souffert que cela de sa présence au pouvoir en ces temps peu populaires.
Pas de cadeau pour les conservateurs
A l’inverse, les Tories avaient prévu de souffrir mais espéraient sans doute que les électeurs déchargeraient leur colère sur les libéraux-démocrates. En effet, la hausse du taux de la TVA le 4 janvier (de 17,5% à 20%), la baisse des aides sociales, la hausse des frais universitaires et les réductions budgétaires dans leur ensemble se trouvaient dans leur programme de campagne et n’auraient pas dû faire reculer leurs électeurs.
Ce calcul s’est avéré totalement erroné. Si les libéraux-démocrates ont perdu 3.900 voix, soit 21% de leurs votes, les conservateurs en ont perdu 7.300 soit 62% de leurs soutiens, réalisant leur plus mauvais score depuis plusieurs décennies en proportion des votes comme en votes effectifs.
De nombreux électeurs, séduits par le message novateur et réactionnaire de David Cameron ont donc choisi de ne pas retourner aux urnes. Les temps futurs s’annoncent sans doute encore plus difficiles que prévu pour le Premier Ministre et son responsable de l’économie, le chancelier de l’échiquier George Osborne, véritable maître à penser de la nouvelle politique nationale.
Un bémol néanmoins : Manchester est un fief travailliste et le nord du pays sera la région la plus touchée par les coupes budgétaires. Autant d’arguments qui font dire qu’un tel recul n’aurait sans doute pas eu lieu dans des régions plus aisées.
Du côté des travaillistes, l'espoir renait
Enfin, cette victoire apporte un peu de baume au cœur à un parti travailliste dans le plus grand flou depuis la défaite du mois de mai et la guerre entre les frères Miliband pour sa direction au mois de septembre. La manière a également de quoi leur fait plaisir: leur précédent candidat ne l’avait emporté que de 103 voix en mai avant l’invalidation de sa victoire, son successeur a glané 3.500 voix d’avance, soit 42,1% des votes.
Même si ses membres crient déjà victoire, encore doivent-ils désormais s’atteler à apporter de nouvelles et réelles alternatives au projet gouvernemental plutôt que de se contenter de le critiquer pour redevenir crédibles. Le report en leur faveur d’une très faible partie des votes perdus par les libéraux-démocrates confirme le tortueux chemin à venir pour Ed Miliband et ses troupes.