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Marine Le Pen renforce le club des « euro-islamophobes »

lundi, 17 janvier, 2011 - 17:19

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L'élection de la nouvelle présidente du Front national, Marine Le Pen, illustre la progression, en Europe, d'une extrême-droite plus jeune et décomplexée. Ses thèmes de prédilection : le rejet de l'euro et surtout de l'islam.

"Il est absurde de continuer à faire entrer des centaines de milliers d'étrangers dans notre pays alors que nous avons cinq millions de chômeurs", "non, la nation n’est pas ringarde". Le discours est classique. Devant un public de militants tout acquis à sa cause, Marine Le Pen, nouvelle présidente du Front national (élue à 67% des voix), a réactualisé les vieilles marottes de son père. Avec une nouveauté, une obsession presque : "nous devons combattre l’islamisme". C'est le nouveau credo de l'extrême-droite en Europe, plus jeune et décomplexée.

Selon l’observateur britannique Matthew Goodwin, chercheur au Chattam House (interrogé par l’AFP):

nous assistons à une tentative, par une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques d’extrême-droite, de se distinguer des vieilles rhétoriques de style fasciste et de l’antisémitisme.

"Trop de droits pour les musulmans"

Alors que près de 22% des Français s’avouent en accord avec les idées du FN, près de la moitié trouvent qu'"on accorde trop de droits à l'islam et aux musulmans". La nouvelle rhétorique du Front national semble prendre dans l'opinion. En particulier auprès des sympathisants UMP : 43% d'entre eux sont favorables à des accords électoraux avec le FN, contre 23% en 2002 (d'après un sondage TNS-Sofres pour Le Monde/Canal+/France Inter du 12 janvier).

Stigmatiser une population ou une religion, en France comme ailleurs, c'est facile et cela rapporte électoralement gros, et pas seulement pour la frange brune de l’électorat.

Pays-Bas : un impôt sur le voile. Geert Wilders, le leader du PVV, parti extrémiste néerlandais, fait également business de la peur de l’islam. Son "parti de la Liberté" propose carrément d’interdire le Coran et de mettre en place un impôt sur le voile. Dans son film, Fitna (2008), Wilders va jusqu’à comparer le Coran à Mein Kampf.

Le blondinet Geert Wilders se dit investi de deux "missions" : "combattre l’islamisation du pays" et "défendre la liberté". Marine pourrait le citer dans le texte. Et ça marche aussi bien qu'en France. Depuis 2006, son parti ne cesse de grimper. Aux municipales de mars 2010, le parti était arrivé en tête à Almere et en 2ème à La Haye… Les deux seules villes où il se présentait.

Le sociologue néerlandais Bob van den Bos, ancien député et eurodéputé libéral de gauche, souligne néanmoins une spécificité néerlandaise qui accentue ce rejet croissant envers les musulmans :

La culture hollandaise est basée sur le devoir d’être normal, de ne pas sortir des rangs. Wilders a voulu identifier le vandalisme des jeunes avec l’Islam et s’adresser aux populations plus âgées et sensibles au respect de cette tradition de civisme hollandais.

Retour aux croisades

En Italie, le parti anti-immigrés de la Ligue du Nord participe toujours au gouvernement en fidèle allié de Silvio Berlusconi. En 2008, à Gênes, l'eurodéputé Mario Borghezio était entré dans l’Église San Giovanni di Prè pour protester contre le projet de la maire de Gênes, Marta Vicenzi, de faire de l’hospice attenant à l’église un lieu de prière multiconfessionnel. Sous la bannière de la Ligue du Nord, il avait déclaré :

Nous, Chevaliers de la Chrétienté, jurons de toujours défendre et de toutes les manières possibles ces lieux de la profanation et de l’invasion islamique

Depuis mars 2010, le gouvernement Berlusconi IV accueille également une secrétaire d'Etat tout ce qu'il y a de plus mesurée! Daniela Santanchè, leader de La Droite – flamme tricolore. En 2008, l’Italienne qualifiait son parti d’incarnation des "fascistes du troisième millénaire".

Messire, un Sarrazin !

En Allemagne, sur la façade des bureaux berlinois du NPD, le parti d’extrême droite allemand, une grande pancarte avait été apposée en septembre dernier: "Sarrazin a raison". L’extrême-droite allemande n’est pas en train de reconnaître à titre posthume les invasions sarrasines médiévales, mais témoigne ainsi son assentiment aux thèses de l’éponyme Sarrazin, Thilo de son prénom.

Cet ex-membre du directoire de la Bundesbank, et auteur du pamphlet "L’Allemagne s’autodétruit", fait du nombre croissant des Musulmans en Allemagne l’une des causes de déclin du pays. Pour l’économiste, l’équation est simple : l’intelligence est entre 50 et 80 % héréditaire, et certaines populations, pour des raisons culturelles ou génétiques sont moins intelligentes que d’autres. Ces populations, la plupart du temps musulmanes, ont un taux de fécondité beaucoup plus élevé que les Allemands. L’Allemagne est donc menacée d’abêtissement. CQFD…

Pourtant, Thilo Sarrazin, membre du SPD (le parti socialiste allemand), refuse d’être associé au parti néo-nazi allemand et l’affiche sur les locaux NPD a été retirée. Reste une réalité : quelques semaines après la polémique qui a entouré le scandale Thilo Sarrazin, 18 % des Allemands étaient prêts à l’élire chancelier.

La Suède envahie par une foule de femmes en burqa

En septembre dernier, la Suède était sous le choc : avec 5,7% des suffrages, les Démocrates de Suède (SD) obtiennent 20 siège au Parlement. Sverige demokraterna avait fait campagne sur les droits des personnes âgées et… une réduction de l’immigration. Décidé à pousser son avantage, le porte parole du parti avait alors déclaré :

Nous n'entrons pas seulement au Parlement (…) Nous allons sans doute aussi avoir le rôle de faiseur de majorité. Pour nous, c'est un rôle inespéré qui nous donne un mandat très fort pour mener à bien notre politique.

La politique du SD? Dans son clip de campagne, finalement censuré par la télévision suédoise, une vieille dame suédoise en déambulateur se dirige péniblement vers un guichet qui doit lui donner une pension. Elle est dépassée dans sa course par une foule de femmes en burqa, la main tendue vers les subventions de l’Etat.

Haro sur l’euro

La dénonciation de l'euro, responsable de la paupérisation des Français, est également un des thèmes de prédilection de la fille de Jean-Marie Le Pen. Pour elle, c'est net et sans bavure:

L’euro a été l’un des éléments de l’appauvrissement de notre pays, il a affaibli l’organisation économique.

La réputation euro-sceptique du Front National français n’est plus à faire. Mais, comme d'autres partis extrêmistes, il entend bien tirer parti de la crise économique pour attirer de nouveaux électeurs et pourfendre la monnaie européenne, accusé d'être à l'origine de tous les maux qui frappent (surtout) l’Irlande, la Grèce ou le Portugal.

"Pour sauver l’euro, il faudra serrer la vis des politiques sociales, nous assisterons alors comme en Grèce en Irlande à la baisse du SMIC, des allocations…". Pour la Présidente du FN, le retour à la "souveraineté nationale" est la solution. Cette forme repli identitaire est partagée par plusieurs partis extrémistes d’Europe.

La percée des extrêmes en Europe est un mouvement identitaire de réaction au processus d’ouverture des frontières à l’échelle internationale qui fragilise les souverainetés et les identités nationales, explique Magali Balent, chercheuse à la Fondation Robert Schuman.

La Suisse illustre bien cette peur de l'autre. Surtout s'il est musulman. L’Union Démocratique du Centre avait récolté 29% des suffrages aux élections fédérales de 2007. Forte de son succès en 2009 avec son référendum "anti-minarets", le Parti a poursuivi sur sa lancée en 2010 avec son "initiative pour le renvoi des étrangers criminels", dite également "initiative du mouton noir". Cette proposition prive les étrangers ayant commis des infractions graves, de leur titre de séjour et leur interdit de revenir en Suisse pendant 5 à 15 ans suivant la nature de l'infraction, a été approuvé par les cantons suisses en novembre dernier.

Au Danemark, le Dansk Folkeparti, bien installé dans le paysage politique, est parvenu à imposer plusieurs de ses sujets de prédilection sur l’agenda politique, et tout particulièrement le durcissement de la politique de l’immigration. Fondé en 1995, le Dansk Folkeparti s’est doté d’une légitimité sur la scène politique danoise en décomplexant les électeurs. Ses députés sont souvent condamnés pour débordements racistes. De 1998 à 2007, le parti est passé de 7,4% des voix à 13,8% des voix au parlement national.

Alliance des durs de l’extrême-droite

Budapest, 24 octobre 2009. Sixième congrès du parti extrême hongrois "Jobbik". Ce jour là naît "l’Alliance européenne des mouvements nationaux". Plutôt contradictoires, les partis en faveur du repli identitaire tendent la main à leurs homologues extrémistes. L’initiative d’une telle association revient au Mouvement pour une meilleure Hongrie (Jobbik), au Front national de France, au "Mouvement social – Flamme tricolore" d'Italie, aux Nationaux-démocrates de Suède et au Front national Belge.

A ces partis se sont ajoutés le British National Party du Royaume Uni, le Mouvement Social Républicain espagnol et le parti national rénovateur portugais. Tous ont ratifié une déclaration politique commune qui défend la souveraineté des nations, le combat contre l'immigration ou encore la lutte contre les "effets destructeurs de la mondialisation".

Des discussions sont en cours pour l’entrée du FPÖ autrichien, du parti bulgare Ataka et du Vlaams Belang de Belgique.

Aux élections européennes de juin 2009, l’extrême-droite a dépassé les 5% dans 13 des 27 États membres (Pays-Bas, Belgique, Danemark, Hongrie, Autriche, Bulgarie, Italie, Finlande, Roumanie, Grèce, France, Royaume-Uni et Slovaquie) et avait obtenu des scores à deux chiffres dans sept États de l’UE (Pays-Bas, Belgique, Danemark, Hongrie, Autriche, Bulgarie et Italie).




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