La nouvelle loi hongroise sur les medias a provoqué la colère des eurodéputés. Devant le Parlement européen, le chef du gouvernement hongrois, Viktor Orban, a été taxé de "national-populisme" par Daniel Cohn Bendit.
Première à avoir pris la parole sur le sujet, Neelie Kroes, la commissaire européenne responsable de la politique des médias, sans entrer dans la polémique, avait déjà, la semaine dernière, préféré se placer du côté du droit. Dès le 11 janvier, elle avait recensé clairement les problèmes soulevés par la loi qui place les medias hongrois sous surveillance de l'Etat. La Commission européenne devait travailler sur le texte pour déterminer sa compatibilité avec les directives européennes en la matière, sur :
- L’enregistrement des medias, notamment les medias en ligne tels que les forums, les blogs etc…
- Le traitement équilibré de l’actualité nationale et européenne.
- Le contrôle politique possible de l’autorité des médias à travers le processus de nomination de ses membres.
Dans une optique plus générale, elle avait aussi pris acte des critiques nombreuses venus des différents acteurs européens,
La nouvelle Loi sur les médias soulève de plus larges questions politiques concernant la liberté d’expression [qui] constitue l’une des fondations essentielles de nos sociétés démocratiques, affirmée dans les traités européens et dans la charte européenne des droits fondamentaux.
La Commission prend des gants
Dans son allocution effectuée lors de la réunion extraordinaire de la Commission libertés civile, justice et affaires intérieures du Parlement européen du 17 janvier, Neelie Kroes a formulé des remarques plus précises concernant cette loi. Elle a également précisé avoir pu se procurer le texte en version originale, coupant court aux critiques qui s’étaient élevées concernant la traduction anglaise inexacte.
Elle a ainsi indiqué avoir adressé des remarques aux autorités hongroises sur le traitement équilibré de l’information applicable aux médias en ligne et le manque de critères pour l’enregistrement des médias qui pourrait conduire à des dérives. Elle a, enfin, affirmé sa confiance en la Hongrie pour prendre les mesures nécessaires afin que soient respectées les "valeurs européennes en matière de liberté des médias".
Les eurodéputés virulents
Au Parlement, c’est un tout autre accueil auquel a du faire face ce mercredi Viktor Orban. Venu présenter les objectifs de la présidence hongroise de l’Union Européenne pour les six prochains mois, il a été confronté aux critiques virulentes des eurodéputés de tous bords, à l’exception des membres de la droite (PPE) , dont son parti, le Fidesz, est membre.
Brandissant des "unes" blanches des principaux quotidiens hongrois, des députés bâillonnés ont accusé Orban de "national-populiste" alors que celui-ci qualifiait les critiques à l’encontre de sa loi sur les médias "d’offense au peuple hongrois", appelant les membres du Parlement à ne pas confondre la politique intérieure hongroise avec son action à la tête de l’UE. Réponse menaçante d'Orban:
Si vous mélangez les deux, je suis évidemment prêt à me battre, mais vous devez réaliser que cela ne portera pas uniquement atteinte à la Hongrie, mais à l'UE dans son ensemble
"Chavez" à l'européenne
Le leader des Verts, Daniel Cohn-Bendit, a été jusqu’à comparer le Premier Ministre hongrois avec un "Chavez européen, un national-populiste qui ne comprend pas l'essence et la structure de la démocratie". Son homologue du côté socialiste, Martin Schultz, a, pour sa part, demandé le "retrait" pur et simple de la loi tant décriée.
En démocratie, les médias contrôlent le pouvoir. Avec cette loi, c'est le pouvoir qui contrôle les médias et cela ne va pas, dans une démocratie", a ajouté M. Schultz.
Du côté des libéraux, Guy Verhofstadt a pour sa part demandé à M. Orban de modifier le texte "aussi rapidement que possible". Seuls les conservateurs, par la voix de Joseph Daul, l’ont présenté comme un "grand européen" affirmant leur confiance pour qu’il modifie sa loi, si, comme convenu, "des objections peuvent être établies et vérifiées" par la Commission européenne.