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L’Espagne n’est plus un eldorado pour les clandestins

jeudi, 20 janvier, 2011 - 14:24

Les arrivées d’immigrants illégaux en Espagne ont chuté de moitié entre 2009 et 2010. Les contrôles aux frontières et la coopération avec les pays africains ont été renforcés. Avec la crise économique, les immigrés clandestins trouvent rarement du travail. L’Espagne n'attire plus les candidats à une vie meilleure.

Les reportages sur immigrés clandestins Africains aux traits tirés accueillis par les forces de l’ordre après des jours de voyage dans des conditions épouvantables sont devenus rares dans la presse et à la télévision espagnoles.

Le nombre d’immigrants illégaux a baissé de moitié en Espagne en 2010. En 2009, ils étaient 7 285 à essayer de pénétrer sur le territoire espagnol, bravant les lois et les mers au moyen d’embarcations de fortune. En 2010, ils n'étaient plus que 3 632 à tenter l’aventure. Aux Canaries, porte d’entrée de l’Europe au large de l’Afrique, la chute est plus importante encore: les immigrants illégaux débarqués sur les îles en 2010 étaient 196, contre 2 246 en 2009. C'est même 99,4% de moins qu’en 2006, où ils furent plus de 31000.

Quatre fois plus de policiers que de clandestins

Le Gouvernement espagnol explique cette chute brutale par deux facteurs principaux : "l’excellente collaboration" avec les pays africains, et le renforcement des moyens de contrôle des frontières.

La coopération entre l’Espagne, le Portugal et des pays africains comme le Maroc, l’Algérie ou le Mali, se déploie notamment à travers le projet Seahorse, un réseau de postes de communication qui permettent l’échange d’informations via satellite.

L’Espagne n’a, par ailleurs, pas lésiné sur les moyens pour contenir un phénomène qui a pris une ampleur considérable dès le début des années 2000. Outre la création d’un "Système Intégré de Vigilance Extérieure", elle a augmenté le nombre de policiers affectés à la surveillance des frontières de 60% entre 2003 et 2010. Ils sont désormais 16 375, soit quatre fois plus que le nombre d’immigrants illégaux ayant traversé la frontière l'an passé.

Crise immobilière

Depuis 2006, l’arrivée d’immigrants clandestins a baissé sans discontinuer. Impossible toutefois de savoir quel est l'impact réel du renforcement des mesures de sécurité. S’il est vrai que la crise économique a commencé timidement en 2007, dès 2008, elle a pris de l’ampleur, et en 2009, elle était déjà profondément installée. Le ministre espagnol de l’Intérieur, Alfredo Pérez Rubalcaba a, tout au plus, reconnu que la crise économique que traverse l’Espagne a pu, elle aussi, avoir une incidence.

La crise immobilière a entraîné dans sa chute le secteur de la construction, avide de main d’œuvre bon marché et dans lequel de nombreux immigrés travaillaient pendant le boom immobilier. La crise a provoqué la faillite de 153 000 entreprises du secteur de la construction entre 2007 et août 2010. Le secteur compte un million de chômeurs, un peu moins d’un quart du nombre total de sans-emplois en Espagne.

Sans les opportunités qu’offrait la construction, les immigrés peinent à trouver un emploi. De fait, près de 30% d’entre eux sont au chômage, contre un taux qui frôle les 20% en Espagne. Dans ce contexte, il ne serait pas surprenant que l’Espagne ne constitue plus une destination de choix pour les candidats à une vie meilleure.




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