Le Premier Ministre a présenté hier un plan de réforme radical du système de santé universel anglais. S’il ne concerne que la gestion des finances et des services, les Anglais craignent que la qualité des soins, qui s'était améliorée, se détériore de nouveau.
Christine est inquiète. Atteinte d’une maladie chronique, elle se rend régulièrement chez son médecin et à l’hôpital. Tous ses soins sont remboursés par le système de santé national (le NHS).
Tout fonctionne bien depuis quelques années, nous ne devons plus attendre des mois pour obtenir des rendez-vous, sauf parfois pour le dentiste. Malgré cela, le gouvernement a décidé de tout réformer. J’ai peur que la qualité des services ne se dégrade de nouveau.
Le Premier Ministre David Cameron et son ministre de la Santé Andrew Lansley, tous deux conservateurs, ont dévoilé hier mercredi la réforme du NHS.
Nous ne pourrons pas réduire les temps d’attente, nous ne pourrons pas améliorer la santé publique dans ce pays si nous ne coupons pas dans la bureaucratie de la NHS. Nous économiserons 1,7 milliard chaque année pendant trois ans.
Le gouvernement va supprimer la plupart des administrations régionales qui gèrent les budgets de la santé. Les groupements de médecins généralistes en auront désormais la charge.
Impossible, répondent les syndicats et les professionnels. Les médecins n’auront, ni le temps, ni les moyens, ni les compétences de s’occuper de la gestion de la santé. Leur métier, c'est de soigner, pas de gérer pour le compte de l'État.
Leurs inquiétudes redoublent avec l’ouverture à la concurrence des services offerts aux malades, jusqu’alors réservés en priorité aux hôpitaux publics. Cette libéralisation aboutira à la privatisation effective des services de santé.
Désappointement et fausse promesse
Une évolution aujourd'hui très impopulaire – même auprès de d'électeurs qui ont voté pour les conservateurs – depuis la privatisation catastrophique des lignes ferroviaires en 1994. Comme Christine, beaucoup craignent que la santé ne suive le même chemin. Leur désappointement est d’autant plus grand que David Cameron avait assuré pendant la campagne électorale qu’
il n’y aura pas de changements pour le changement, de réorganisation inutile qui n’apporte que le chaos. Le NHS ne doit pas être vu que comme une machine bureaucratique destinée à être désassemblé puis reconstruite.
La cataracte œil par œil
Le ministre de la Santé conservateur de 1995 à 1997, aujourd’hui président d’un comité parlementaire sur la santé, Stephen Dorrell, a donné le coup de pied de l'âne, en exprimant ses plus grands doutes sur une réforme "insuffisamment expliquée" et décidée par des politiciens "avec une consultation limitée".
Il y a déjà des preuves en [raison de la réforme à venir] que certaines décisions prises par les hôpitaux ne reflètent pas les priorités cliniques. Des malades nécessitant des opérations de la cataracte de leurs deux yeux se sont entendus dire qu’ils ne seront, pour le moment, opérés que d’un seul.
Mieux vaut ne pas tomber malade en Angleterre ces prochains mois !