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Un crématorium pour chauffer la piscine : fumeux ou écologique?

jeudi, 27 janvier, 2011 - 16:16

Des élus de la commune de Redditch, au Royaume-Uni, proposent d'utiliser l'énergie du crématorium pour chauffer la piscine municipale. Myeurop vous soumet d'autres énergies alternatives insolites: chaleur humaine, bouse de vache ou boisson sucrée. Solutions dérisoires ou révolutionnaires, audacieuses ou saugrenues, à vous de juger.

Les esprits s'échauffent. Des élus du conseil municipal de Redditch, dans le centre de l'Angleterre, sont prêts à faire feu de tout bois pour réduire leurs émissions de CO2 : ils proposent de chauffer un tout nouveau centre de loisir, et sa piscine, grâce à l'énergie dégagée par un crématorium, déjà installé juste à côté.

Des morts très chaleureux

Le projet se veut économique et écologique. Les autorités locales assurent que ce dispositif permettrait d'économiser 14 500 livres sterling par an. "Je préfère de loin utiliser cette énergie plutôt que de la laisser se perdre dans le ciel", se défend Carole Gand, la responsable du Conseil. "D'un point de vue environnemental, le projet a du sens", ajoute Gordon Hull, membre de la Fédération des crématoriums.

L'idée est surtout qualifiée de "démente" par les détracteurs. "C'est faire insulte aux habitants", estime Roger McKenzie, le représentant local du syndicat Unison, cité par l'AFP. "Cela montre encore une fois que les conservateurs savent le prix de chaque chose mais ne connaissent la valeur de rien", ajoute le syndicaliste qui y voit une conséquence des coupes claires imposées par le gouvernement britannique dans les budgets locaux.

Se chauffer à partir de l’énergie humaine

Avant d'utiliser l'énergie produite – indirectement – par les morts, pourquoi ne pas se servir de la chaleur des vivants? C'est l'idée qu'a eu une société de gestion immobilière suédoise : récupérer la chaleur émise par les voyageurs de la gare centrale de Stockholm, traversée chaque jour par 250 000 personnes, pour chauffer (partiellement) l’immeuble contigu.

"Tout le monde produit de la chaleur. Au lieu d’ouvrir les fenêtres et de laisser s’échapper cette chaleur, nous voulons la capter à travers le système de ventilation", indiquait en 2008 l’un des responsables. De l'eau est ainsi réchauffée puis acheminée vers le bâtiment qui devait abriter des bureaux, un petit hôtel et des magasins.

Achevée en 2010, cette installation n'aura coûté que 21.000 euros. Et la facture énergétique de l'immeuble a pu diminuer de 25%.

Produire de l'électricité avec les bouses des vaches

Les êtres humains, morts ou vifs, ne peuvent pas tout faire. Place aux animaux. Les vaches, c'est bien connu, contribuent largement au réchauffement climatique à cause de leurs rejets de méthane dans l'atmosphère. Ce gaz 21 fois plus nocif que le CO2 est aussi une excellente source d’énergie.

C’est elle que des chercheurs de Hewlett Packard veulent capter afin d’alimenter les centres de données informatiques, très gourmands en électricité. Leur projet, dévoilé en mai 2010, montre qu’une ferme de 10 000 vaches peut générer un mégawatt d’électricité – suffisant pour alimenter un  centre traditionnel, tout en subvenant aux besoins de la ferme.

Le plus fort, c'est que le bétail en profite aussi : la chaleur engendrée par le "data center" permet d’améliorer la digestion des vaches. Qui produisent alors plus de méthane.

Les fientes de poulet font également l'affaire. En septembre 2008, les autorités néerlandaises ont inauguré une centrale électrique à biomasse qui exploite des tonnes de déjections pour alimenter quelque 90 000 foyers en électricité verte. Le projet, développé par le groupe énergétique Delta pendant 10 ans, a représenté un investissement de 150 millions d’euros. La Chine a ouvert un an plus tôt une usine fonctionnant sur le même principe.

Une poule, ce n'est pas du luxe

Les chercheurs n'ont pas encore trouvé le moyen de tirer partie de la chaleur d'une poule, lorsqu'elle couve. La chaleur est volatile. Qu'importe : les pondeuses ont d'autres atouts.

La commune de Mouscron, en Belgique, en est convaincue, qui a offert deux poules – "pour ne pas qu'elles s'ennuient" – à ses administrés qui en feraient la demande. La 3ème opération du genre a eu lieu en février 2010. "Le bénéfice est double", assure alors le responsable de la Cellule environnement de la commune. Non seulement les poules réduisent le volume de déchets alimentaires, en picorant les restes du repas, mais les heureux contribuables bénéficient en même temps d'une production d'œufs à peu de frais (mais frais).

Pour les Mouscronnois résidant en appartement et disposant d'un balcon, la ville travaille pour les prochaines années à un autre projet de gestion innovante des déchets: le lombricompostage, des bacs à compost remplis de vers de terre très voraces.

Vous trouverez ici et d'autres exemples d'énergies alternatives, audacieuses ou saugrenues dérisoires ou révolutionnaires. Certaines sont à la pointe des (nano)-technologies, d'autres d'une simplicité confondante – comme recharger la batterie de son téléphone avec une boisson sucrée.

Une dernière piste tout de même, plutôt apaisante. En novembre 2009, les gendarmes de Veigné, dans l'Indre et Loire, mettent la main sur près de 300 kg de résine de cannabis. Qu'ils incinèrent deux jours plus tard, ainsi que le prévoit la procédure. Sauf que la combustion a permis d'approvisionner en vapeur d'eau une usine voisine. La vapeur a ensuite été transformée en électricité, grâce à un turbo-alternateur, puis revendue à EDF. Fumeux?


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