Le gouvernement britannique fait feu de tout bois. Il met en vente la totalité des forêts publiques anglaises. Il entend récupérer jusqu’à 375 millions de d'euros au cours de ces dix prochaines années.
"Vends 258.000 hectares de forêts, dont des forêts ancestrales, pour entre 210 millions et 375 millions de francs". Cette petite annonce n’est pas parue telle quelle dans la presse britannique, mais c’est pourtant le plan révélé officiellement par le gouvernement de Sa gracieuse Majesté. Le Premier Ministre David Cameron a décidé de mettre en une décennie la totalité des forêts détenues par la Commission forestière, une entité publique en charge de leur entretien et de leur production de bois.
De nombreuses associations se sont élevées contre ce choix : les Britanniques restent foncièrement attachés à leur "héritage naturel" et la nature, dans son ensemble, est une priorité pour bon nombre de sujets de la Couronne.
Nous devons avoir la garantie que quels que soient ceux qui rachèteront les anciennes forêts tenues par l’Etat, ils protégeront la faune et la flore. Si certaines zones sont entièrement dédiées à l’entretien d’arbres destinés à être coupés et vendus, certains bois contiennent des espèces animales et végétales en voie d’extinction".
Mark Avery, le directeur de la société royale de protection des animaux, résume ainsi les craintes des Anglais. Les forêts publiques des autres nations (Ecosse, Pays de Galles, Irlande du Nord) du Royaume-Uni ne sont pas concernées par ces mesures.
Les dés sont jetés
Dans un souci d’apaisement, le gouvernement a annoncé la création de "forêts d’héritage" qui ne seraient pas privatisée mais seraient désormais gérées par des associations caritatives. Il a également promis une consultation populaire dans les 1500 zones rurales concernées. Mais il rappelle que 68% des forêts anglaises sont déjà privées et que cette vente, si elle concerne la totalité des espaces gérés par la commission forestière, ne représente que 18% des forêts nationales.
Quoi qu'il en soit, les dés sont jetés. Caroline Spelman, la secrétaire d’état à l’environnement est sortie du bois en reconaissant que l'Etat n'avait que faire de ses forêts:
L’Etat contrôle les forêts depuis la première guerre mondiale, quand les besoins étaient très différents. Aujourd'hui, rien ne justifie plus qu’il s'occupe de la production de bois et de la gestion de forêts".
Il n’est pas certain que le gouvernement améliore ainsi sa popularité, ce dont il aurait pourtant bien besoin.