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La coproduction au secours de l’audiovisuel européen

mercredi, 2 février, 2011 - 13:20

Le festival FIPA a célébré la semaine dernière l'audiovisuel européen, lors d'une semaine où la télévision exigeante et de qualité avait toute sa place. Saluant la "carrière" d'Arte, les organisateurs ont mis le doigt sur l'avenir du secteur pour l'Europe : la coproduction. Etat des lieux d'un marché en évolution grâce à nos envoyées spéciales Adèle Flaux et Elvina Attali.

Arte a reçu un EuroFipa d’honneur pour l’ensemble de son parcours depuis sa création, il y a 20 ans lors de la 24ème édition du le Festival International de Programmes Audiovisuels (FIPA) qui se déroulait du 24 au 30 janvier à Biarritz. 

Nous avons choisi d’honorer une vaste communauté de femmes et d’hommes de télévision qui ont rendu possible une des plus surprenantes aventures télévisuelles survenues en Europe au cours des deux dernières décennies, une communauté dont le FIPA se sent particulièrement proche" a souligné le président du festival, Olivier Mille.

La chaine franco-allemande est, en effet, une création inédite de coopération transnationale, et l’une des rares chaines qui fait une place de choix aux expérimentations et aux cultures différentes.

Beaucoup de chaines européennes sont encore très frileuses quant à l’innovation et craignent qu'un film, ou qu’une émission, ne trouve pas de public. Les professionnels de l’audiovisuel dénoncent ainsi un certain conformisme qui s'installe dans la programmation, tant en France que dans les autres pays de l'Union Européenne, attitude renforcée par la crise économique.

Des alliances "anti-crise"

Mais la crise n'a pas que des effets néfastes, au contraire : elle favorise de nouvelles dynamiques de financement, telle que la coproduction internationale. L'audiovisuel anglais, traditionnellement replié sur lui-même, s'ouvre aux financements étrangers pour ne pas sombrer. Le marché d’outre-manche ne se porte pas trop mal d’ailleurs, si l’on en juge par la multitude de productions présentées durant le festival, le pays arrivant en troisième position derrière la France et l’Allemagne.

La différence majeure vient, peut être, du fait que la fiction télévisuelle est considérée comme un art noble par nos amis british, alors que les productions pour le petit écran sont souvent discréditées dans les autres pays européens.

Ainsi est née la première série franco-britannique, "Death of paradise", réalisée en co-production entre France 2 et la BBC, et qui sera tournée au printemps en Guadeloupe. Le scénariste britannique Robert Thorogood est à l’origine de ce projet initié il y a deux ans et retravaillé depuis avec un scénariste français. Pour Teresa Cavina, déléguée générale du FIPA "c'est par les séries que les échanges audiovisuels européens se développent".

Le FIPA organise en ce sens des journées européennes de coproduction. Limitées par le passé à la France et à l'Espagne, elles se sont ouvertes à l'ensemble des pays de l'Union européenne. Mais pour Teresa Cavina, il reste du chemin à parcourir : "Pour l'heure, il n'y a pas d'unité européenne, c'est un rêve".

Encourager la circulation des œuvres

S’inscrivant dans cette dynamique d’échange, le programme MEDIA de l'Union Européenne offre une aide économique aux professionnels qui veulent étendre leur espace de diffusion. Pour la période 2007-2013, cela représente une enveloppe de 755 millions d’euros, destinés en majorité (55%) à promouvoir la circulation des œuvres audiovisuelles et cinématographiques à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe. En 2009, cela a représenté un montant de 109 003 765€, répartis entre les 32 pays bénéficiaires (les 27 avec la Croatie, l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse). La France et l’Allemagne sont les principaux bénéficiaires, avec respectivement, 192 et 175 projets (soit 37,65% de la production totale).

Ces financements concernent pour l'heure d'avantage le cinéma que la télévision. Selon une étude de l'Observatoire Européen de l'Audiovisuel (OEA) publiée en août 2008, les productions qui ont un financement regroupant plusieurs pays s'exportent beaucoup mieux. Logique, mais pas toujours évident pour les professionnels souvent trop nationaux. De quoi encourager les derniers récalcitrants à s'ouvrir à la coproduction.

Regarder ailleurs, mieux comprendre ici

Le Programme MEDIA accorde également des subventions à la production d’oeuvres télévisuelles qui bénéficient d’engagements d’au moins trois diffuseurs européens, de trois pays différents, pour des projets de fiction, animation et documentaire de plus de 25 minutes. Pour l’année 2010, ce programme spécial a représenté 10,43 millions d’euros pour un total de 70 programmes, 35% ayant été destinés à la France.

Une aide bienvenue car en Europe, les films qui parviennent à traverser les frontières sont généralement les plus commerciaux, au détriment bien sûr d’œuvres plus singulières. De plus, les productions financent rarement le sous-titrage des films, tant par soucis d’économie que par peur de rater un public habitué à regarder des films doublés dans sa langue maternelle.

Teresa Cavina résume la situation de manière très pragmatique :

Le problème majeur est que les productions continuent d'avoir une vision locale de la programmation, au lieu de voir les opportunités qui leurs sont données à l'échelle de l'Europe."

Tout l’enjeu de festivals comme le FIPA et de programmes tel que MEDIA est de montrer aux producteurs et aux spectateurs la richesse et la diversité de l’audiovisuel : "Regarder ailleurs, mieux comprendre ici", non ?




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