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Air Sarko One + un Falcon pour aller à Bruxelles !

lundi, 7 février, 2011 - 14:54

Pour se rendre au sommet européen de Bruxelles, vendredi dernier, Nicolas Sarkozy a mobilisé deux avions : en plus de l'Airbus A330 que l'Élysée s'est offert en 2010, un Falcon 7X complétait le cortège présidentiel. Air Sarko One, était pourtant censé limiter les déplacements présidentiels à un seul avion.

1h20 le trajet en train vers Bruxelles, c'est encore trop long. Vendredi dernier, pour se rendre au sommet européen consacré, entre autre, à l'énergie, Nicolas Sarkozy a utilisé non pas un, mais deux avions : l'Airbus A330-223 surnommé "Air Sarko One et "un luxueux avion d’affaires Falcon 7X au rayon d'action de 11 000 km", écrit le quotidien belge Le Soir.

Nicolas Sarkozy avait pourtant demandé aux ministres d'éviter autant que possible les déplacements en avion s'ils pouvaient les remplacer par le train. Une requête d'autant plus compréhensible qu'une heure de vol d'Air Sarko One revient à environ 20 000 euros et celle d'un Falcon TX à 7 700 euros.

Bilan carbone calamiteux

Pour défendre son nouvel avion gros porteur, l'Élysée a toujours mis en avant des arguments économiques et écologiques : un seul appareil pour embarquer toute la suite présidentielle, au lieu des deux A319 CJ utilisés auparavant, coûterait moins cher et émettrait moins de CO2.

L'argument avait déjà de toute façon été battu en brèche par Terra Eco. Dans une enquête publiée en novemnre 2010, le magazine a calculé que Nicolas Sarkozy était, en 2009, le 6ème plus grand émetteur de CO2 parmi les chefs d'État et de gouvernement de la planête. Pire : "s'il avait voyagé avec Air Sarko One dès 2010, il aurait multiplié par 2,5 ses émissions de CO2. Ce qui l'aurait ramené en deuxième position de ce classement". Dès lors qu'un second appareil est affrété, le bilan carbone de cet aller-retour express d'environ 600 km à vol d'Aibus,  est, tout simplement, calamiteux.

 


Myeurop a publié le 21 novembre sur le sujet l'article suivant :

Avions "présidentiels" : Merkel voit plus grand que Sarkozy.

Surprise : les Allemands engagent des dépenses bien supérieures. En Espagne et en Italie, l’utilisation abusive des avions officiels est sans cesse dénoncée.

Un ministre, ça ne se déplace pas en mobylette !”, avait reproché le chef de l'Etat à son ministre de la culture Frédéric Mitterrand, victime d'un accident de scooter début 2010. Nicolas Sarkozy, il est vrai, utilise plutôt l'avion. Pour se rendre au sommet du G20, le 11 novembre dernier, il a étrenné le nouvel Airbus présidentiel. Grâce à cet A 330-200 entièrement réaménagé, il a pu rejoindre Séoul sans escale. Et le temps, c'est de l'argent.

La preuve : le coût du total “Air Sarko One” est estimé à 176 millions d'euros. Rigueur oblige, c’est un avion d’occasion acheté à la compagnie Air Caraibes et financé par des crédits du ministère de la Défense. Tout juste 60 millions d’euros, selon un rapport parlementaire. Rien d’excessif puisque, à titre de comparaison, le dernier avion livré au Premier Ministre de Turquie – fabriqué par le constructeur américain Gulfstream aerospace corporation – a été facturé au printemps 2009 61 millions de dollars (45 millions d’euros).

Pas de jacuzzi, mais un salle d'opération

Mais, en ce qui concerne le "navire amiral" français, il faut ajouter 91,5 millions pour l'aménagement à bord, 20,5 millions pour la sécurisation des communications et les systèmes d'écoutes, et 4 millions pour la qualification de l'appareil. Rien d'anormal pour le rapporteur de la mission "défense" à l'Assemblée nationale Michel Fourgous lors chargé de l’examen de la loi de finances 2010:

En pleine mondialisation, notre président voyage comme d’autres présidents de grandes nations.

Air Sarko One” n'a en effet rien a envier à “Air Force One”, l'appareil du président des Etats-Unis auquel il doit son surnom. Une salle de réunion occupe le centre de l'A330. Près de la cabine de pilotage se trouve une chambre avec lit double, dressing et coin douche – mais pas de baignoire ni de jacuzzi, contrairement à la rumeur. Le président de la République a également fait installer un centre médical équipé d'une mini-salle d'opération. Par ailleurs, une salle de communication est dotée des technologies dernier cri permettant d'envoyer des messages cryptés à tout moment.

Jusque-là, le président et le gouvernement disposaient de deux A319 CJ entrés en service en 2002, d'une capacité d'une trentaine de places et d'une autonomie de 7 000 km seulement, contre 12 000 km pour leur successeur. Ces deux avions ont été retirés du service et le premier a déjà été vendu au Sénégal pour 32 millions d’euros.

Italie: toujours un parfum de scandale

En Italie, ce sont toujours des Airbus A319 CJ qui composent la flotte “présidentielle”. Mais ils sont au nombre de trois. L’un d’eux dispose d’un aménagement interne particulier : salle de réunion, écrans plasma et peut transporter une cinquantaine de personnes. C’est l’avion d’ordinaire utilisé par le président du onseil, Silvio Berlusconi, qui jusqu'à il y a trois ans, possédait lui-même un avion de ce type qu’il a ensuite vendu. Le président du Conseil possède aussi un hélicoptère personnel Agusta Westland 319 qu’il utilise régulièrement à ses propres frais.

Les plus hauts responsables de l’Etat peuvent en outre embarquer sur l’un des dix Jet Falcon 50 et Falcon 900 CX pouvant transporter 12 personnes chacun. La flotte d’Etat compte enfin deux hélicoptères SH3D/TS dont l’un est toujours à disposition du Pape, en tant que chef d’Etat étranger.

Régulièrement des scandales font rage autour de l’utilisation des vols d’Etat. Dernier scandale en date, en juin 2009 : une enquête avait été ouverte après que des photos volées avaient révélé que Silvio Berlusconi utilisait les avions de la République pour acheminer ses invités à villa Certosa (une des villas du président du conseil) en Sardaigne. L’enquête a été close peu après.

Allemagne: Angela voit les choses en grand

L'Allemagne a également décidé, en mars dernier, de renouveller sa flotte officielle. Pour des questions de sécurité. Et le gouvernement a vu grand: à la suite de nombreuses pannes et retards des avions du gouvernement (certains dataient encore de l'époque de la RDA), la chancelière Angela Merkel a commandé six avions moyen-courrier neufs (deux Airbus 319 et quatre Bombardier Global 5000) ainsi que deux Airbus 340 et 300 d'occasion pour les voyages long courriers. Ils devraient être livrés d'ici 2011. Au total, le programme de renouvellement de la flotte s'élève à 650 millions d’euros, mais certains évoquent la somme de un milliard !

Dans les nouveaux Airbus, le coin VIP sera garni de 12 larges sièges de cuir blanc, et disposera d'une salle de conférence. Un deuxième compartiment accueillera les membres de la délégation et fournira, selon un porte-parole de la Lufthansa, tout le confort nécessaire aux longs voyages. L'avion possède en outre 4 réservoirs supplémentaires, et un système de protection renforcé (l'installation d'un système anti-missile est en cours de négociation), un système de soins intensifs pour d'éventuels blessés, ainsi qu'un équipement complet de téléphone, fax, et internet.

Royaume-Uni: du coup par coup

En temps de crise, le coût des transports officiels est un sujet sensible au Royaume-Uni. C'est pourquoi le premier ministre anglais, David Cameron a choisi en juillet dernier, pour se rendre à Washington, de voyager en business class dans un avion de ligne normal de British Airways. Une première. Jusqu'alors, les Premiers Ministres louaient un Boeing 747 ou 767 pour un coût d'environ 350 000 euros pour les longs voyages.

Mais cet acétisme a été de courte durée puisque, quelques jours après, David Cameron se rendait en Turquie dans un "petit" avion loué pour ses assistants et lui. Les ministres britaniques volent aussi, à l'occasion, sur des jets de l'armée. C'est aussi l'usage dans la plupart des pays (dont la France), où la flotte "présidentielle" appartient et est gérée par l'armée.

Espagne: une utilisation critiquée

Le gouvernement espagnol dispose, via l’armée de l’air qui gère la flotte gouvernementale, de deux Airbus A310 achetés en 2002 à Air France et réaménagés, ainsi que de cinq Falcon 900. L’aménagement luxueux de ces derniers avions et le coût élevé de la minute de vol a déjà valu au président du gouvernement Jose Luis Zapatero plusieurs articles critiques, notamment sur le site internet “libertad digital”.

Surtout, l’utilisation de ces avions officiels a été jugée scandaleuse. En juin 2009, trois ministres du gouvernement sont partis à Bruxelles à une heure d’intervalle en empruntant chacun un Falcon ! Et toujours en 2009, Jose Luis Zapatero a utilisé un Falcon 900 du gouvernement pour se rendre à un meeting du PSOE, le parti qu’il préside. Zapatero qui, en outre, se fait régulièrement “allumer” dans la presse parce qu’il ne cesse de fumer dans “son” avion alors qu’il s’affiche comme un pourfendeur du tabagisme…


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