Pour se rendre au sommet européen de Bruxelles, vendredi dernier, Nicolas Sarkozy a mobilisé deux avions : en plus de l'Airbus A330 que l'Élysée s'est offert en 2010, un Falcon 7X complétait le cortège présidentiel. Le président de la République s'est ensuite envolé avec ce second appareil, direction New-York, pour un voyage privé.
1h20 le trajet en train vers Bruxelles, c'est encore trop long. Vendredi dernier, pour se rendre au sommet européen consacré, entre autre, à l'énergie, Nicolas Sarkozy a utilisé non pas un, mais deux avions : l'Airbus A330-223 surnommé "Air Sarko One et "un luxueux avion d’affaires Falcon 7X au rayon d'action de 11 000 km", écrit le quotidien belge Le Soir.
Nicolas Sarkozy avait pourtant demandé aux ministres d'éviter autant que possible les déplacements en avion s'ils pouvaient les remplacer par le train. Une requête d'autant plus compréhensible qu'une heure de vol d'Air Sarko One revient à environ 20 000 euros et celle d'un Falcon TX à 7 700 euros.
Un billet au "tarif commercial"
On connait désormais la raison de la présence de ce second appareil. Nicolas Sarkozy s'est envolé directement de Bruxelles, direction New-York, pour un voyage privé de 48 heures dans la ville où son fils cadet Louis vit une partie de l'année. L'information révélée par France Inter a été confirmée par l'Elysée. Qui précise que Nicolas Sarkozy a réglé la note, "au tarif commercial". Soit quelques milliers d'euros quand un Falcon 7X coûte plus de 7 000 euros par heure de vol – soit, au bas mot, 70 000 euros pour un aller-retour Paris – New-York rien que pour la location de l'appareil.
Rien d'anormal, explique au Monde, député socialiste René Dosière, spécialiste du budget de l'Elysée. "Il n'y a pas de polémique sur l'usage d'un avion de l'ETEC par le chef de l'Etat pour se déplacer à titre privé. Il est chef de l'Etat tout le temps, même en vacances ou en week-end, et a des besoins permanents de sécurité, de personnel, et la capacité de rentrer en France rapidement."
L'élu rappelle que la Cour des comptes (dans son rapport de 2009) a préconisé que :
puisqu'il ne peut pas faire autrement [pour ses voyages privés] que de prendre un appareil de l'ETEC [Escadron de transport, d'entraînement et de calibration, qui gère les avions gouvernementaux], Nicolas Sarkozy rembourse le prix d'un billet normal sur une ligne régulière. Il ne règle pas non plus le coût du déplacement de son personnel ou de ses gardes du corps.
Bilan carbone calamiteux
Si aucune irrégularité n'entache ce déplacement personnel aux Etats-Unis, l'utilisation de deux avions long-courriers pour se rendre à Bruxelles interpelle.
Pour défendre son nouvel avion gros porteur, l'Élysée a toujours mis en avant des arguments économiques et écologiques : un seul appareil pour embarquer toute la suite présidentielle, au lieu des deux A319 CJ utilisés auparavant, coûterait moins cher et émettrait moins de CO2.
L'argument avait déjà de toute façon été battu en brèche par Terra Eco. Dans une enquête publiée en novemnre 2010, le magazine a calculé que Nicolas Sarkozy était, en 2009, le 6ème plus grand émetteur de CO2 parmi les chefs d'État et de gouvernement de la planête. Pire : "s'il avait voyagé avec Air Sarko One dès 2010, il aurait multiplié par 2,5 ses émissions de CO2. Ce qui l'aurait ramené en deuxième position de ce classement". Dès lors qu'un second appareil est affrété, le bilan carbone de cet aller-retour express d'environ 600 km à vol d'Aibus, est, tout simplement, calamiteux.
Rappelons tout de même, ainsi que l'a montré Myeurop dans un précédent article, qu'en matière de flotte "présidentielle", Angela Merkel voit plus grand que Nicolas Sarkozy. Les Allemands engagent en effet des dépenses bien supérieures à la France. En Espagne et en Italie, l’utilisation abusive des avions officiels est sans cesse dénoncée.