Syndicate content

Madrid trop polluée, la Justice exige des mesures

mercredi, 9 février, 2011 - 14:42

La justice espagnole exige que la mairie de Madrid fasse baisser les niveaux de pollution atmosphérique, afin de ne pas dépasser les limites fixées par l'Union européenne. Un problème récurrent dans la capitale espagnole, qui a recemment demandé un moratoire à l'UE à qui elle doit verser des amendes. Ces derniers jours, Madrid a encore enregistré des pics de pollution.

Le soleil n’est pas toujours porteur de bonnes nouvelles en Espagne. L’anticyclone qui règne en maître dans les cieux ibériques depuis plus d’une semaine a provoqué une augmentation de la pollution dans les grandes villes et en particulier à Madrid.

Sur certaines grandes artères baignées de soleil, les madrilènes hésitent ce mardi à respirer à pleins poumons, mais rares sont les passants qui se protègent le visage pour filtrer autant que faire se peut les particules nocives.

D’après l’association Ecologistas en Acción, depuis le 1er janvier, certaines stations de mesure de la pollution installées dans la capitale ont déjà dépassé pendant plus de dix-huit heures les 200 microgrammes de dioxyde de nitrogène (NO2) autorisés par l’Union Européenne. Un niveau qui correspond à la limite fixée pour… un an.

Entourloupe

La cellule du Parquet général de l'Etat spécialisée dans l'environnement a donc "exigé de la mairie de Madrid qu'elle abaisse ses niveaux de pollution car les limites européennes ont été dépassées".

En 2010, les autorités locales avaient pourtant réussi à faire baisser le niveau total des émissions. Comment? En retirant plusieurs appareils de mesures dans les zones les plus polluées de la capitale. Une entourloupe dénoncée par les médias et, fin janvier 2011, le parquet général.

Moratoire

La vague actuelle de pollution tombe particulièrement mal pour le maire (de droite) Alberto Ruiz Gallard, déjà submergé par une marée de critiques, en janvier dernier : il avait alors annoncé son intention de demander à l’Union Européenne un moratoire. Objectif : ne pas avoir à payer l'amende qu'ellle est censée verser en raison du dépassement des limites d’émission de gaz contaminants, et en particulier du fameux NO2, en 2010.

De quoi indigner les associations civiles, comme Ecologistas en Acción ou la Fédération Régionale des Associations des Habitants de Madrid (FRAVM) qui notent toutes deux une augmentation de la fréquence des visites à l’hôpital lors des pics de pollution.

"Nous sommes disposés à envoyer une lettre à l’UE pour lui demander de ne pas accepter la demande de moratoire de la mairie", affirme Francisco Caño, porte-parole de la commission sur l’Environnement de la FRAVM. "Il n’y a pas de raison que les institutions qui ne respectent pas la loi soient exemptées d’amendes", précise-t-il.

Un problème ancien

Le problème n'est pas récent, ni dû simplement aux conditions météorologiques. "Cela fait des années que nous dénonçons ce problème et, en 2010, nous avons intensifié nos actions et nos lettres à la mairie en ce sens. On n’a répondu ni à nos lettres ni à nos demandes de réunions", insiste Francisco Caño. L’association demande un plan d’action pour respecter les engagements de l’UE en termes d’émissions de gaz à effets de serre d'ici 2020.

La pollution ne nuit pas à la santé

Mais, les actions engagées par la mairie peinent à convaincre. Les autorités locales ont lancé lundi un appel à utiliser les transports collectifs. Appel qui n’a eu quasiment aucun effet, selon El País. "De toute façon, à 7h30 du matin, il n’y a tout simplement pas de place pour plus de monde dans le métro", déclare Claudia, de l’Association des Habitants du Centre de La Latina, un quartier de Madrid. "C’est ça, sa façon de régler le problème ?", s’insurge Francisco Caño. Toutefois, Claudia relativise : "Finalement, la plupart des réclamations que je reçois concernent la propreté des rues, qui est un phénomène visible, et non la qualité de l’air".

La mairie cherche surtout à se défausser. Après avoir rejeté la faute sur la politique d’aides aux véhicules roulant au diesel du Gouvernement central, elle rappelle que Madrid n’est pas la seule à dépasser les limites imposées par l’UE : Barcelone ou encore Amsterdam font partie des mauvais élèves. Qu'importe finalement puisque la responsable municipale de l’Environnement, Ana Botella, n’a pas hésité à affirmer que la pollution ne nuit pas à la santé.

"25 ans en arrière, mais avec plus d’un million de véhicules en plus"

Les autorités municipales mettent tout de même en avant les avancées réalisées ces dernières années : le recouvrement d’un tronçon de la rocade intérieure de Madrid (qui a permis d’y réduire de 7% les émissions des véhicules) ou l’incorporation de véhicules moins polluants dans la flotte des transports publics.

Mais, la ville est quasiment dénuée de pistes cyclables. Malgré de nettes améliorations ces dernières années, les zones piétonnières restent relativement peu étendues dans le centre qui, contrairement à une promesse de 2006 de M. Ruiz Gallardón, sont toujours accessibles aux véhicules les plus polluants.

Il n’empêche, alors que les grandes villes européennes ont pris ces dernières années des mesures aussi emblématiques que l’instauration de péages à l’entrée de Londres ou la mise en place des vélos en libre-service à Paris, Madrid semble rester bloquée "25 ans en arrière, mais avec plus d’un million de véhicules en plus", se lamente M. Caño.

(Photo : Mur végétal sur La Caixa Forum – Sophie Vanneste/2008)




Mots clés
, , , , , , ,
Pays