Varsovie se prépare activement à prendre, après la Hongrie, la présidence de l'UE, le 1er juillet prochain. La Pologne s'est donné des objectifs nombreux et ambitieux, notamment le renforcement des relations avec l'Ukraine dans le cadre d'un "partenariat oriental". Une boulimie qui rappelle la présidence française.
Ambitions, promotion, fierté et responsabilité annoncée: les efforts du gouvernement polonais pour se préparer à prendre dans cinq mois la tête du conseil de l’UE peuvent se résumer par ces mots. Après deux ans de préparatifs intensifs, des centaines de formations pour plus d’un millier de fonctionnaires -notamment des cours de langues- , de négociations et de gestion du temps, la Pologne boucle sa liste de priorités pour la présidence européenne.
La Pologne, qui présidera pendant six mois le conseil de l’Union européenne à partir du 1er juillet, est "prête pour diriger l’Europe", assure le ministre aux affaires européennes Mikolaj Dowgielewicz à propos de cette présidence qui est, selon certains, le plus grand défi politique du gouvernement. Il affirme:
Je veux que les européens remarquent encore mieux l’enthousiasme et les talents des Polonais. Grâce à la présidence nous pouvons donner à la Pologne l’image d’un pays attaché aux idéaux européens, capable de gérer les processus de décision et rejoindre le groupe des pays qui ont imprimé leur marque en Europe"
Et d’afficher son ambition: "Nous voulons en faire autant que la France lorsqu’elle était à la tête de l’Union". Le gouvernement polonais a adopté à la mi-janvier le programme de la présidence. Avec, comme priorités, la défense (renforcement de l’Agence européenne de défense), la sécurité énergétique (Varsovie reste hantée par le scénario où la Russie couperait le robinet de gaz), la concurrence loyale, les aides structurelles (la Pologne restant le principal bénéficiaires des aides européennes) et le partenariat oriental, notamment le renforcement des relations avec l’Ukraine.
Critiques de l'opposition conservatrice
Le budget de l’Union européenne sera sans doute le chapitre le plus sensible, avec les négociations de la future perspective financière pour 2014-2020. Pour les questions budgétaires Varsovie annonce que la Pologne n’entend pas, pendant sa présidence, agir au nom de ses propres intérêts nationaux, mais jouer le rôle de modérateur responsable. Ce qui lui a déjà valu des critiques de la part de l’opposition conservatrice, dans un contexte de campagne électorale en vue des législatives à l’automne.
Mais la présidence polonaise ne se limite pas aux fastidieuses négociations avec une armée de 1200 fonctionnaires spécialement formés pour les sommets européens, les groupes et autres comités de travail, dont pas moins de 150 sont prévus en Pologne.
La promotion de la Pologne est également une priorité pour Varsovie. Pour le moment, elle reste cependant très classique. Cravates, foulards, broches en ambre, boutons, stylos et autres accessoires offerts aux membres des délégations étrangères avec le logo de la présidence polonaise ne sont qu’une modeste promotion chiffrée à 50 000 euros.
En cette année 2011, centième anniversaire de la naissance de Czeslaw Milosz, prix Nobel de littérature, la promotion de la Pologne se fera également à l’étranger, notamment dans 10 capitales, Pékin, Tokyo, Moscou, Kiev, Minsk, Berlin, Madrid, Paris, Londres et Bruxelles.
Le 1er juillet à Varsovie, sur la place des défilés, devant le palais de la culture, gigantesque monument stalinien, les europhiles choisiront entre plusieurs scènes, de la musique classique à la musique électronique et au post-rock. L’ambiance lors de l’inauguration de la présidence polonaise devrait rappeler celle du 1er mai 2004, jour où la Pologne adhérait à l’Union européenne.