D'où viennent les armes de l'armée libyenne ? En partie de Belgique. Et depuis la répression de ce week-end et les déclarations des Européens pour condamner les exactions, le pays s'inquiète d'avoir pu armer un régime sanguinaire. Un peu tard.
La répression des manifestations en Libye a été particulièrement sanglante ces derniers jours. Le dernier bilan de Human Right Watch fait état de 233 morts depuis le début de la répression, dont 60 pour la seule journée de dimanche avec les révoltes de Benghazi.
12,2 millions d'euros
Le séisme que représenterait la chute d'une des plus vieilles dictatures du monde (Kadhafi est au pouvoir depuis 1969) s'est propagé jusqu'en Belgique. Plus particulièrement en Wallonie, région connue pour sa manufacture d'armes "Herstal", spécialisée dans les fusils et munitions légères et qui a passé plusieurs contrats avec Tripoli ces dernières années.
Selon les informations diffusées par la presse belge, deux commandes furent passées en 2008 avec le régime du Colonel Kadhafi, pour un total de 12,2 millions d'euros et portant sur des fusils d'assaut, des pistolets mitrailleurs, des mitrailleuses légères et lourdes. La question aujourd'hui posée est de savoir si ces armes ont servi dans la répression.
Une ministre très humaniste !
La réponse des politiciens est pour le moins étonnante. La Ministre fédérale de l'Emploi et Présidente du Centre Démocrate Humaniste, Joëlle Milquet a déclaré à la radio (RTL-Belgique) que"normalement non, parce que [ces armes sont] pour l’armée, pour accompagner des convois humanitaires". Tout en précisant : "Mais on n’est jamais sûr, et je pense que nous devons avoir une énorme vigilance en la matière" (sic).
Les armes auraient été affectées au 32e Bataillon d'élite de l'armée, commandé un par un des fils de Kadhafi qui devait sécuriser des convois vers le Darfour. Ainsi, la classe politique wallonne mise sur le respect des termes du contrat par les autorités libyennes. Probablement une nouvelle version du "compromis à la belge".
Plutôt deux fois qu'une
L'effort de justification risque d'être particulièrement difficile pour le Ministre-Président de la Wallonie, Rudy Demotte. Après la signature des contrats, la Ligue des Droits de l'Homme avait fait résilier la licence d'exportation par le Conseil d'État belge en 2009. Peu importe, une nouvelle licence fut signée peu après. L'exportation d'armes étant une compétence régionalisée, les politiciens flamands ne manqueront pas de tacler leurs homologues du sud.