Part du pétrole libyen dans les importations européennes
Le marché du pétrole est durement touché depuis le début des émeutes en Libye, gros fournisseur de l’Europe en pétrole brut. Le baril s’échangeait ce mercredi à Londres à 110 dollars soit son plus haut niveau depuis 2008.
La crise politique qui secoue la Libye depuis le 15 février commence à sérieusement inquiéter les compagnies pétrolières présentes là-bas. Pour la plupart, elles ont cessé leurs activités et ont organisé le rapatriement des employés. Il est d’ailleurs impossible d’accéder aux terminaux portuaires libyens. Cette crise a engendré une importante flambée des prix. Le baril est ainsi monté mardi jusqu’à 110 dollars à Londres, son niveau le plus haut depuis juillet 2008.
La Libye exporte environ 80% de son pétrole vers l’Europe. Elle fournit 22% du pétrole brut importé par l’Italie et plus de 15% des importations françaises (voir infographie). Elle est l’un des quatre plus gros producteurs d’Afrique avec le Nigeria, l’Angola et l’Algérie. Un facteur qui suffit à expliquer l’impact de la situation en Libye sur les cours.
Les pays importateurs vont sans doute devoir modifier leur circuit d’approvisionnement avec de possibles conséquences sur les délais de livraison ou le coût du transport. Surtout, cette hausse du prix du pétrole risque de perdurer à cause de l’instabilité dans laquelle se trouve le Proche et Moyen Orient, zones où se concentrent les principaux pays exportateurs mondiaux.
La contagion est intégrée dans les cours
Les gouvernements touchés par la révolution devront attendre de connaitre la nature de leurs nouveaux régimes pour actualiser leur stratégie pétrolifère. De plus, le risque de contagion d’un pays à l’autre est intégré dans les cotations actuelles du marché. Tant qu’il n’y aura pas de vision claire dans l’avenir, le marché restera volatile et sous pression.
Quant au risque de pénurie, il n’est pas d’actualité si l’on en croit Nicolas Sarkis. Pour le Directeur du Centre arabe d’études pétrolières cité par L’Expansion "l’offre est suffisante pour satisfaire la demande mondiale" puisque les capacités de productions sont excédentaires. D’autant que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) se dit prête à agir «si nécessaire» et à revoir sa capacité de production en cas de tensions sur le marché.
En outre, bien que la Libye soit le deuxième exportateur africain, sa production ne représente que 2% du marché mondial. Enfin, l’Union européenne importe la plus grosse part de son pétrole de l’ex Union soviétique et du Moyen Orient (Golfe persique).
Cela dit, si la révolution populaire devait s’étendre à l’Algérie et surtout à l’Arabie Saoudite, premier producteur mondial, les prix pourraient battre les records de 2008 voir les dépasser. Si le baril atteint 200 dollars, le choc pétrolier est à envisager prévient Nicolas Sarkis.
Dans les prochain mois, le marché devra trouver un compromis entre risques géopolitiques et effets sur la croissance économique ce qui peut déclencher d’importantes corrections. L’OPEP a bien compris l’importance des enjeux à venir en tenant un discours apaisant pour les acteurs du marché.