Les Irlandais votent demain, vendredi. Ils vont sans nul doute chasser du pouvoir les centristes jugés responsables de la brutale dépression économique. Cette vengeance démocratique ne changera probablement rien, mais, au moins, ça soulage…
Depuis la dissolution du Parlement Irlandais au début du mois, un changement politique se profile. En tout cas, c'est ce que la plupart des Irlandais, véritablement déçus par leur dernier gouvernement, espèrent voir sortir des urnes dès demain.
Brian Cowen, l'ancien premier ministre et leader du parti centriste Fianna Fàil (littéralement "soldats de la destinée" en gaélique), a décidé de passer la main. Mais le nouveau n°1 du parti, Micheàl Martin, ancien ministre des Affaires étrangères, a bien du mal à défendre le bilan de l'ancien gouvernement.
Crise de confiance générale
Paraître crédible n'est pas une mince affaire pour les politiciens irlandais en cette période électorale. Les Irlandais en veulent profondément à leurs dirigeants pour avoir laissé leur pays s'enfoncer à ce point. La crise a complètement paralysé l'économie du pays. Du "Celtic Tiger" aux 11 % de croissance annuelle, il ne reste plus grand chose et les plus jeunes sont les premiers à en faire les frais. Ils seraient près de 40.000 à avoir quitté le pays pour des contrées plus accueillantes depuis le mois d'avril dernier, selon l'hebdomadaire Irlandais Sunday Tribune.
Ils ne trouvent plus d'emploi, et n'ont souvent plus assez d'argent pour continuer leurs études depuis la hausse à la fin de l'année dernière de près de 50 % des frais d'inscription à la fac. Ils étaient nombreux à défiler dans les rues de Dublin en janvier pour contester cette réforme. En vain.
Ne pas payer pour les banques
Depuis le plan de sauvetage mis en place par l'Union Européenne et le FMI pour sauver l'économie et les banques irlandaises, l'heure est à l'austérité généralisée. Mais la majorité des Irlandais refuse plus que jamais de payer pour une crise financière engendrée par des banques et un gouvernement jugés, a posteriori, irresponsables. Même si nombre d'entre eux ont profité de l'argent facile grâce aux crédits octroyés hier par ces banques aujourd'hui sauvées à coup de milliards par le Trésor public.
Dans un tel contexte, ceux qui s'intéressent encore à la politique veulent voter pour tourner la page du Fianna Fàil, au pouvoir depuis 1997. Dans les rues de Dublin, les caricatures de Brian Cowen, l'ex premier-ministre, sont nombreuses.
Coalition droite-gauche?
Le grand favori de ces élections anticipées est le Fine Gael (le clan des Celtes), le parti conservateur irlandais. Il s'agit du seul autre parti à avoir gouverné en Irlande depuis son indépendance. Il est crédité de près de 33 % des intentions de votes, selon les derniers sondages. Ses principaux thèmes de campagne sont l'économie, bien sûr, l'éducation, mais aussi la rénovation du système de santé. Sans pour autant proposer des solutions vraiment crédibles.
Le Labour, parti social-démocrate irlandais arrive, lui, en deuxième position des intentions de vote, avec un peu moins de 20 %. Ces deux partis pourraient probablement former un gouvernement de coalition. Ils veulent renégocier les conditions de remboursement du prêt de 85 milliards d'euros contracté par l'Irlande auprès de l'Europe. Bon nombre d'électeurs sont séduits par cet engagement.
Promesse de Gascon? C'est, heureusement pour le Fine Gael et le Labour, intraduisible en Gaélique.