La démission de son ministre de la Défense, Karl zu Guttenberg, tombe on ne peut plus mal pour la Chancelière allemande, en pleine "Superwahljahr" (année électorale). L'opposition enfonce le clou en dénonçant une décision trop tardive.
C’était dans l’air depuis quelques semaines déjà, mais la pression s’est intensifiée ces derniers jours: Karl zu Guttenberg, accusé d’avoir plagié sa thèse, vient de démissionner. Cette décision est l'une des plus douloureuses de sa vie: "J’ai toujours été prêt à me battre, mais j’ai atteint les limites de ma force", a expliqué le ministre de la défense après avoir annoncé sa démission.
"J'assume mes erreurs"
Guttenberg avait d’abord nié les accusations de plagiat. Il avait ensuite reconnu des erreurs renoncé à son titre de docteur, si important en Allemagne. Malgré le soutien sans failles d’Angela Merkel, qui voyait en lui un successeur potentiel, la pression est devenue trop forte, au sein de la coalition mais aussi dans l’opposition et dans la société civile, à l’origine de manifestations ces derniers jours. Aujourd’hui, le ministre souhaite "assumer [s]es erreurs comme tout le monde".
Le chef de la CSU, l'Union chrétienne-sociale en Bavière, le parti de Guttenberg au pouvoir avec la CDU (l’Union chrétienne-démocrate d'Angela Merkel), a rappelé d’un air grave que son parti restait aux côtés du ministre, et qu’il ferait tout pour que celui-ci poursuive sa carrière politique. Guttenberg, par sa popularité, avait joué un rôle capital dans la remontée de la CSU dans les sondages.
" Baron von Googleberg "
L’opposition, qui réclamait la démission de Guttenberg, a pris acte de sa démission.
- Gesine Lötzsch (Die Linke) estimant que c’était "l’unique décision à prendre". Renate Künast et Jürgen Trittin, à la tête du groupe des Verts au Parlement, ont néanmoins souligné que cette décision avait été prise avec un "retard d’au moins deux semaines".
- Thomas Oppermann, chef du SPD au Parlement, a, lui aussi, qualifié la décision du ministre d’ "incontournable, bien que tardive".
- Mais l’ensemble de l’opposition a surtout souligné la responsabilité d’Angela Merkel dans cette affaire: "Elle s’est réellement compromise, sa crédibilité est abimée – tout comme l’image de la politique" a déclaré Thomas Oppermann.
La chancelière allemande, de retour d’un déplacement, s’est exprimée en début d’après-midi. Emue, elle a déclaré devant la presse avoir été "surprise" par le retrait de Guttenberg, qu’elle accueille avec "respect", tout en le remerciant pour son travail. Le nom de son successeur?: le moment pour se poser cette question "n’est pas encore venu".
Cela devrait être le cas dans les prochains jours, d’après le Spiegel. Celui qu’on a surnommé "le Baron von Googleberg" (en référence à ses plagias via internet) restera en poste jusqu’à ce que la Chancelière ait désigné son remplaçant.