Très dépendante pour ses approvisionnements en énergie, l'Espagne est particulièrement vulnérable aux fluctuations du cours du pétrole. Pour faire des économies, le gouvernement vient de décider de limiter la vitesse sur autoroute à 110 km/h.
Les conducteurs espagnols, qui doivent se serrer la ceinture à cause des prix de l'essence, vont devoir rouler moins vite : la vitesse sur les autoroutes sera limitée à 110km/h, et non plus à 120km/h, au moins jusqu’au 30 juin prochain. Le Conseil des Ministres a en effet adopté (le 4 mars) un Plan d’économie et d’efficience énergétique destiné à économiser de 2,3 milliards d’euros en importations d'énergies fossiles, en réduisant de 3,5% la consommation annuelle d’énergie.
L'Espagne importe 600 millions de barils de pétrole par an et dépend à hauteur de 77% de l’extérieur pour ses besoins en énergie, contre un peu moins de 60% en moyenne dans l’Union européenne. Une dépendance qui explique, en partie, le déficit de la balance commerciale en 2010.
La hausse des cours du pétrole provoquée par les révoltes dans le monde arabe tombe d'autant plus mal que la politique de rigueur prévoit de faire passer le déficit public de 9,2% à 6% en 2011, et même à 3% en 2013.
Limitation de vitesse
Le plan d'économie décidé par le gouvernement Zapatero prévoit 20 mesures, dont l’introduction de chaudières à la biomasse dans les bâtiments administratifs et le renouvellement de l’éclairage public. Le plan "renove" propose lui une aide de vingt euros pour le remplacement d'un pneu usagé par un autre doté d'une meilleure efficacité énergétique.
L’ensemble de ce dispositif suppose un investissement de 1,16 milliard d’euros, qui sera essentiellement puisé chez les compagnies électriques, et non dans les deniers publics, rigueur oblige. Les dispositions adoptées en Conseil des Ministres font en effet partie d’un plan d’économie d’énergie plus global et financé à 80% par les entreprises du secteur.
Mesure "franquiste"
Pas de frais pour l’État, donc, mais des économies pour tout un chacun. Pour autant, les mesures prises par le Gouvernement socialiste n’ont pas été particulièrement bien accueillies. Souvent considérées comme "improvisées" ou de faible envergure par les opposants au Gouvernement, certaines sont particulièrement impopulaires.
Et même carrément franquistes, si l’on en croit le premier parti d’opposition, le Parti Populaire, prompt à exploiter toute possibilité de gagner des points en vue des élections locales de mai prochain. Sa secrétaire générale a rappelé que, jusqu’à présent, seul le régime du Caudillo avait imposé ce genre de restriction. C’était dans les années 1970, lors du premier choc pétrolier.
Madrid et la Catalogne rechignent
La baisse de 5% des prix du train et des Cercanías, l’équivalent du RER, est également loin de faire l'unanimité. Les Gouvernements de Catalogne et de Madrid ont d’ores et déjà annoncé leur refus d’appliquer les nouveaux tarifs. Les deux régions devraient en effet assumer une partie des coûts puisque les tarifs des Cercanías, qui dépendent de l’entreprise publique RENFE (l'équivalent de la SNCF), sont souvent groupés avec ceux du métro et des autobus. Qui, eux, dépendent de la région.
Le Gouvernement central a néanmoins annoncé qu’il pourrait prendre en charge le surcoût. Il n’empêche, les réactions de Madrid et la Catalogne ne sont pas de bonne augure quant à la réalisation sereine du plan d’économie d’énergie pour laquelle le Gouvernement reconnaît qu’il aura besoin du soutien et de la bonne volonté des communautés autonomes et des mairies.