Après un premier round il y a trois ans, l’Allemagne devrait d’ici un an couronner de nouvelles Universités d’élite dotées de généreuses subventions. Objectif: renforcer la "compétitivité internationale" des facs d’Outre-Rhin et séduire les meilleurs étudiants européens.
Elles sont encore sept en lice pour le titre très convoité d’"Universités d’élite": les universités Humboldt de Berlin, de Bochum, de Brême, de Mayence, de Cologne, de Tübingen et l’université technologique de Dresde. Les sept établissements font partie de la short list qui vient d’être rendue publique et ont jusqu’à l’automne pour peaufiner leur dossier.
Lors du premier round, il y a trois ans, le Sud le Sud (Bavière et Bade-Wurtemberg) avait raflé la mise. Le choix des universités retenues permet, cette fois, à l’Est et au Nord de tirer leur épingle du jeu. Les 9 universités d’élites primées à l’époque devront, par ailleurs, mettre en avant leurs résultats pour prétendre à la reconduction de leur statut et continuer à bénéficier de la manne publique.
2,7 milliards d’euros
Le jeu en vaut la chandelle: les subsides prévus (dont un quart provient de l’Etat et pour les trois quarts restants des Länder) qui étaient de 1,9 milliard d’euros pour 5 ans lors de la première sélection, atteindront cette fois-ci 2,7 milliards d’euros et couvriront les années 2012 à 2017. Cette somme colossale est néanmoins à partager avec d’autres établissements qui seront sélectionnés dans le cadre de programmes destinés aux écoles doctorales ou encore avec les "clusters d’excellence" (pôle de développement facs-entreprises et centres de recherche).
Près d'une centaine d'écoles doctorales et 107 "clusters d’excellence" ont ainsi déjà fait acte de candidature. Des chiffres élevés qui ne doivent pas masquer le fort degré de compétition : il y a trois ans, sur les 258 écoles doctorales qui avaient concourues seules 39 avaient été retenues. Sur les 280 "clusters" qui avaient fait acte de candidature, 37 ont finalement passé le cap de la sélection.
Plus de doctorants
Car le but de cette "initiative d’excellence" n’est pas de faire du saupoudrage : il s’agit, au contraire, de concentrer les financements sur un faible nombre d’établissements afin de leur permettre, via ces fonds supplémentaires, de se renforcer pour attirer les meilleurs étudiants au niveau mondial où la compétition internationale fait rage.
Les résultats sont déjà visibles : 4 057 chercheurs, dont plus de la moitié sont des doctorants, ont été recrutés depuis trois ans outre-Rhin grâce à cette initiative, même si un certain nombre d’entre eux sont en situation précaire. Des inquiétudes commencent d’ailleurs à poindre sur leur avenir dans la mesure où une telle masse de chercheurs spécialisés semble difficile à intégrer. D’autant que les questions demeurent sur le devenir de cette initiative après 2017…
Les profs ont du mal à suivre
D’autre part les critiques mettent en avant les difficultés que doivent aujourd’hui affronter certaines disciplines, notamment les sciences sociales, qui sont sous-représentées dans les projets retenus. D’où l'espoir que la nouvelle compétition permette des rééquilibrages.
Au passif aussi : la situation des enseignants qui font partie des grands perdants de l’initiative d’excellence. Devant faire face à l’afflux des étudiants, ils ont vu leur charge d’enseignement s’accroître et peineraient à encadrer les étudiants dans de bonnes conditions, ce qui, à terme, constitue une menace pour ces "universités d’élite". Les responsables universitaires, comme les directeurs de laboratoire, se plaignent, quant à eux, de la lourdeur des démarches à accomplir pour débloquer des fonds inscrits dans le cadre des programmes soutenus.
Du temps passé au détriment de la recherche qui pourrait à terme handicaper l’Allemagne dans sa volonté de promouvoir des champions nationaux pour attirer étudiants européens.