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Les eurodéputés veulent taxer les transactions financières

mercredi, 9 mars, 2011 - 12:02

Les eurodéputés ont voté hier deux résolutions visant l’adoption d’une taxe sur les transactions financières (TTF) au niveau européen. Les 200 milliards générés par cette taxe inédite pourraient financer des projets européens et de développement.

Réunis hier à Strasbourg , les eurodéputés se sont prononcés à une large majorité pour la mise en place d’une taxe sur les transactions financières (TTF). Même si celle-ci ne devait être appliquée, dans un premier temps, qu’à l'échelle  européenne. Adoptée par 529 voix pour soit plus de 77%, l’initiative des eurodéputés portée par la grecque Anni Podimata (Sociaux-Démocrates, S&D) a largement bénéficié du soutien apporté par la Chancelière allemande Angela Merkel.

Nous souhaitons que cette taxe sur les transactions financières soit acceptée par tous les membres de l'Eurogroupe [la réunion des ministres des Fiances de la zone euro],

a-t-elle déclaré hier lors d'une conférence de presse avec son homologue autrichien Werner Faymann, alors que les conservateurs français et la Commission européenne affichaient leurs réserves.

L’UE entend désormais jouer un rôle moteur pour la régulation financière au niveau mondial. La prise de position des députés n'a néanmoins aucun caractère contraignant. Les chefs d'Etat des 27 pays de l'UE doivent désormais décider s'ils adoptent ou non une telle taxe.

Situation injuste

L'idée est d'abord de mettre à contribution un secteur financier largement sauvé du naufrage grâce à des fonds publics. "Le secteur financier est sous-taxé et cette situation est injuste", a déclaré Anni Podimata, l'auteur du rapport qui a été approuvé par les eurodéputés.

Ces derniers ont estimé que l’essentiel du coût de la crise économique sans précédent de 2007 avait été supporté par les citoyens de l’Union. Alors que le secteur financier a enregistré de nouveaux bénéfices record en 2010, et que le nombre de transactions a augmenté de manière spectaculaire ces dernières années (leur volume était 73,5 fois plus élevé que le PIB mondial en 2007), l'idée d'une taxe n'est plus saugrenue.

Stimuler la compétitivité

Le deuxième obectif de la TTF est d’arriver à éliminer les opérations de spéculation, et d’avoir ainsi un marché plus efficace et plus sûr,

L'introduction d'une taxe sur les transactions financières pourrait aider à s'attaquer aux pratiques les plus dommageables, comme les transactions à court terme ou automatisées, et aussi réduire la spéculation,

précise le texte adopté par les eurodéputés.

Un argument de poids contre les détracteurs de cette taxe qui s’inquiètent d’une fuite de capitaux conséquente à une augmentation des coûts. "Avec un taux aussi minime [de l’ordre de quelques centièmes, le Parti Socialiste Européen a proposé 0,05%], cela ne va pas affaiblir la compétitivité du marché financier européen", assure Anni Podimata.

Bien au contraire, les eurodéputés voient dans cette TTF un moyen de renforcer la compétitivité et la croissance économique européenne. Une telle taxe pourrait rapporter jusqu’à 200 milliards d’euros par an. Une aubaine en ces temps d’austérité économique.

Aide au développement

La finalité de l’argent récolté grâce à cette taxe ? Des objectifs stratégiques en matière de développement à l’échelle de la planète, notamment à travers des programmes d’aide au pays défavorisés, et le financement de projets et de politiques à l’échelle de l’UE.

Les eurodéputés ont souligné l'exigence de transparence et de lignes directrices claires quand à l’utilisation de cet argent.  Ils ont également insisté sur la nécessité pour les pays en développement de réduire leur dépendance vis-à-vis de l’aide étrangère en mettant en place des "systèmes financiers viables".

Evasion fiscale

D’après une étude de Christian Aid, une association catholique britannique et irlandaise, l’évasion fiscale des multinationales représenterait une perte de 125 milliards d’euros chaque année pour les pays émergents. Par ailleurs, l’évasion et la fraude fiscale coûteraient chaque année environ 250 milliards d’euros aux États-membres. C’est pourquoi les eurodéputés ont voulu adopter des mesures pour traquer les paradis fiscaux et empêcher les multinationales de "transférer leurs bénéfices dans des pays à l'imposition plus favorable".

Des mesures fortes, un positionnement bien défini et un large soutien des eurodéputés: voilà ce qui ressort de cette séance plénière. Reste à espérer que ces décisions ne seront pas lettre morte et que l’Europe va effectivement s’engager pour une meilleure régulation financière à l’échelle de la planète.




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