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Viktor Orban toujours plus contesté

mercredi, 16 mars, 2011 - 16:06

Plus de 30 000 personnes ont défilé hier dans les rues de Budapest pour protester contre la loi média du gouvernement Orban. Même amendée sous la pression de l'UE, elle est toujours jugée liberticide. Et la contestation monte de plus en plus en Hongrie contre ce gouvernement jugé autoritaire.

La mobilisation a été plus forte que jamais: 30 000 personnes (d'après la police) se sont retrouvées hier dans les rues de Budapest pour la troisième manifestation de protestation contre la loi sur les médias du premier ministre Viktor Orban. La première, fin décembre, avait rassemblé un millier d'opposants ; le 14 janvier dernier, elle avait rassemblé entre 10 et 15 000 manifestants.

Ce rassemblement, rendu possible une fois encore grâce à un groupe facebook, a été qualifié de "plus grand mouvement civil depuis le changement de régime [en 1989]" par les organisateurs.

Fête nationale

La date n'a pas été choisie au hasard. Le 15 mars est en effet jour de fête nationale, en commémoration de la révolution qui éclata en 1848. Sous domination de l’Empire d’Autriche, la population se révolte alors pour établir une république. Parmi les revendications, l’indépendance bien sûr, mais aussi la fin de la censure orchestrée par la monarchie des Habsbourg.

La très controversée loi sur les médias, adoptée en décembre 2010 grâce à la majorité Fidesz, a bien été amendée sous la pression de Bruxelles. Mais, elle est encore jugée trop liberticide. Elle permet toujours aux autorités de l’Etat d’infliger des amendes aux propriétaires des médias en cas de diffusion d'informations jugées "non équilibrées" ou dépourvues "d’objectivité politique".

Au-delà de cette loi, la mobilisation traduit le ras le bol des Hongrois face à la politique d’un gouvernement de plus en plus décrié, et montre aux dirigeants hongrois que l’opposition est toujours mobilisée.

Bataille juridique

La bataille juridique entre l’Union Européenne et la Hongrie aura duré de décembre à février. Plus de deux mois de négociations diplomatiques et juridiques entre la Commission et Viktor Orban. Le Premier Ministre hongrois est pour le moins réticent, mais se doit de faire bonne figure puisqu'il occupe également la présidence tournante de l’UE.

Pour finir, la Hongrie s’était engagée à effectuer les modifications demandées, ce qu’elle a fait le 7 mars. Qualifiées de "cosmétiques" par beaucoup, elles n’ont pas convaincu les eurodéputés qui ont voté deux jours plus tard une résolution demandant la suspension et la révision profonde de la loi.

[Le Parlement Européen] invite les autorités hongroises à rétablir l'indépendance de la gouvernance des médias, à faire cesser les ingérences de l'État dans la liberté d'expression et la "couverture journalistique équilibrée", et estime que la surréglementation des médias nuit à l'existence d'un pluralisme efficace dans la sphère publique.

Ces mêmes eurodéputés avaient déjà montré leur opposition quand, au mois de janvier, ils avaient accueilli le Premier Ministre hongrois bâillonnés, brandissant des Unes censurées de journaux.

Continuer la contestation

D'autres voix se sont élevées dans la communauté internationale pour juger trop légères les modifications apportées au texte initial. L’OSCE, qui avait été dans les premiers à pointer du doigt cette loi liberticide, a publié le 8 mars une série de points sur lesquels la Hongrie devait encore agir.

Il peut encore être fait mauvais usage de la législation dans le but de limiter les opinions alternatives en Hongrie, et ce malgré des modifications adoptées suite à la requête de la Commission européenne,

a déclaré Mme Mijatović, responsable de la Liberté des Médias de l’OSCE.

L’association britannique de défense de liberté de la presse Article 19, condamnait elle aussi dès le début du mois de mars un accord à minima entre la Commission et les autorités hongroises et donnait une liste de recommandations. Parmi celles-ci:

  • Le contrôle de régulation devrait être limité aux médias audiovisuels seulement
  • La haute autorité des médias et l’audiovisuel public devraient être indépendants
  • Le cadre sur la protection des sources journalistiques devrait être révisé en accord avec les standards internationaux et les lourdes amendes infligées devraient être réduites.

Si le gouvernement hongrois pensait avoir calmé l'oppossition et l'UE en amendant son texte à la marge, l'impressionnante manifestation de mardi et et la résolution du Parlement – certes non contraignante -, montrent qu'il faut encore corriger la loi média.




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